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point de rencontre avec celui-ci. Un effet d’eau de 10 litres par habitant assure le nettoyage immédiat et complet de tout le système.

Les trois modes principaux d’évacuation des vidanges sont figurés sur des tableaux occupant toute la hauteur de la muraille. De grands dessins représentant les différentes phases et les principaux détails de ces opérations permettent aux visiteurs de constater, par eux-mêmes, la supériorité du a tout à l’égout » qui fonctionne aujourd’hui dans presque tous les grands centres de population de l’Europe, dans un certain nombre de villes françaises, et qui a été adopté, en principe, pour la ville de Paris, où il est l’objet d’une application partielle.

Quatre projets d’assainissement établis sur ce principe figurent à l’Exposition : ceux de Chartres et de Toulouse ont été présentés par M. Masson, celui de Rouen par M. Godard, et celui de Marseille par M. Cartier. Ce dernier est le plus important et le plus urgent de tous, car l’insalubrité de la grande cité provençale est devenue légendaire. Dans le projet de M. Cartier, le grand collecteur aura une longueur de 12 kilomètres. Il ira déboucher dans la calanque de Cortiou : c’est un endroit assez solitaire et où la mer a une profondeur suffisante. La dépense prévue est de 17 millions. Cette solution n’est assurément pas la meilleure, car elle fait perdre des quantités considérables de matière organique qui pourraient être utilisées comme engrais. Dans toutes les autres villes où le système du « tout à l’égout » est appliqué, on répand les eaux-vannes sur des terrains arides qu’elles fertilisent.

A Paris, c’est sur la presqu’île de Gennevilliers que se pratique l’épandage depuis dix-huit ans. De 6 hectares, on a passé à 800 qui épurent, chaque année, environ 50,000 mètres cubes d’eau d’égout. Elles y sont transportées par l’usine élévatoire de Clichy dont le modèle figure dans le pavillon de la ville de Paris. Les différentes phases de l’épandage sont retracées dans une collection de dessins exécutés sous la direction de Durand-Claye, qui a été l’inspirateur du système et le directeur de l’exploitation, depuis 1868 jusqu’à sa mort. Une grande aquarelle représente les terrains d’irrigation dont les produits sont exposés et renouvelés tous les jours. De plus, et comme démonstration sans réplique, on a installé au Trocadéro un petit jardin modèle de 200 mètres carrés, qui est la reproduction exacte de ceux de Gennevilliers. La couche du terrain épurateur a une épaisseur de 2 mètres. Le fond et les parois de la fouille ont été colmatés avec de la glaise battue. L’eau d’égout est empruntée au collecteur de la rive droite ; elle est montée à la surface du sol par une turbine qu’actionne l’eau d’une canalisation voisine, et répandue dans le champ par une bouche d’arrosage semblable