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en même temps le terrain sur lequel les progrès réalisés se démontrent le plus facilement. Aussi l’hygiène urbaine tient-elle toujours la première place, dans nos expositions, lorsqu’elle ne les constitue pas à elle seule. Elle présente cette année un intérêt tout particulier.

Grâce à l’empressement que les nations étrangères ont mis à répondre à notre appel, on trouve au Champ de Mars des spécimens de l’architecture de tous les pays. Nos hôtes ont tenu à conserver aux pavillons leur caractère national, et ont eu recours au genre de construction que les exigences du climat et celles des mœurs ont fait adopter dans les contrées qu’ils habitent. Ces petits palais exotiques sont tous situés dans la partie du Champ de Mars qui longe L’avenue de Suffren.

La série commence par un groupe très gracieusement disposé à droite de la tour Eiffel. Il comprend le splendide pavillon de la République Argentine, ceux du Mexique, de la Bolivie, du Brésil, du Venezuela et du Chili. Un second groupe de constructions exotiques se dresse sur la terrasse du palais des Arts libéraux et devant son entrée. C’est le pavillon en bois, style renaissance, élevé par le Nicaragua, et celui de la république de Salvador, dont l’architecture originale tient à la fois de l’arabe et de l’espagnol. Avec l’Uruguay commence une nouvelle série de petits bâtimens échelonnés le long de l’avenue de Suffren. On y trouve le pavillon du Paraguay, de Saint-Domingue, de Guatemala, ceux des lies Sandwich, de l’Inde, de la Chine, du royaume de Siam et du Maroc, un bazar égyptien, et enfin la reproduction d’une rue du vieux Caire absolument exacte, et que ne dépare aucune construction moderne. C’est une des grandes attractions du Champ de Mars.

Pour continuer la revue des habitations africaines, il faut se transporter sur l’esplanade des Invalides, dont tout le côté gauche, en remontant vers le dôme, est consacré à l’exposition coloniale. En suivant l’avenue centrale, on passe successivement devant les palais de l’Algérie, de la Tunisie, puis devant celui qui forme le centre de l’exposition des colonies françaises et des pays de protectorat. L’Annam, le Tonkin, le Cambodge, y sont représentés avec le style si profondément original de leur architecture et la variété de leurs produits. Le pavillon de la Martinique et de la Guadeloupe termine la série.

Toute cette partie de l’Exposition a été édifiée avec un soin, un luxe, un respect de l’exactitude et de la couleur locale, qu’on ne saurait trop admirer. C’est un des endroits qui attirent le plus fortement la foule. La population de Paris est heureuse de voir de près les monumens et les productions de ces pays d’outre-mer pour