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convéniens de ce défaut d’assiduité. Le comité des travaux publics fut plusieurs fois l’objet d’attaques très vives à ce sujet. Il convient de dire, à la décharge des comités incriminés, qu’ils étaient accablés, que la besogne échéant sans cesse aux mêmes hommes, les forces de ceux-ci étaient dépassées.

Le double système des comités et des bureaux auquel la constituante s’était arrêtée aggravait encore la confusion et les pertes de temps. On se réunissait à huit heures du matin dans les commissions ou les sous-commissions, à dix heures dans les comités, souvent à onze heures dans les bureaux. Il fallait être à deux heures à l’assemblée. Une vie pareille excédait les limites des forces humaines. les grands travailleurs seuls résistaient, et, comme ils faisaient souvent partie de commissions et de comités qui se réunissaient parfois aux mêmes heures, ils étaient obligés presque toujours de renoncer à une partie de la tâche qu’ils avaient acceptée. La plupart des hommes actifs s’étaient enfermés, d’ailleurs, dans les travaux de la commission de constitution, du comité de législation et du comité des finances, et n’en sortaient guère.

D’autres comités, notamment ceux de la justice, de l’intérieur, de l’agriculture, de l’instruction publique, se réunissaient fort rarement, n’ayant presque rien à faire. Ils disparurent virtuellement vers le milieu de la session, l’assemblée ayant manifesté une grande indifférence à leur égard et leur ayant retiré les principaux projets de loi sur lesquels ils pouvaient compter. Le comité de l’instruction publique tint cependant des séances ou il y eut de fort belles discussions sur l’autorité et la liberté de l’enseignement. Ces discussions furent d’ailleurs académiques et superflues, car Rassemblée, qui redoutait l’esprit trop démocratique de ce comité, renvoya à une commission spéciale le projet de loi sur l’enseignement primaire préparé par le gouvernement.

Ajoutons qu’il en fut de même pour le comité de la justice, qui avait consacré de longues études à des propositions de réorganisation de la magistrature dont il fut dessaisi, le ministère Odilon Barrot et la majorité de l’assemblée ne partageant pas les tendances réformatrices de ce comité.

Le comité d’administration communale et départementale échappa à cette loi. Il resta pendant toute la durée de la constituante chargé de l’examen des projets d’intérêt local. Cette tâche modeste et peu enviée le préserva des défiances qui atteignirent ses confrères.

Parmi les autres causes qui contribuèrent au discrédit de l’institution des comités, il convient de citer la difficulté de répartir entre eux nombre de projets et de propositions qui touchaient aux