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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 novembre.

Maintenant que les jours de fête ou d’émotion sont passés, que le beau rêve de l’Exposition s’est évanoui, et que les ardeurs de la dernière lutte électorale sont plus qu’à demi éteintes, il faut compter avec ce qui reste, avec la réalité. Il faut revenir aux affaires du moment, aux problèmes qui naissent des circonstances, au choix d’une conduite, à la politique qu’on devra suivre ; il faut vivre avec les faits.

Jusqu’ici, tout s’est passé en discours, en projets, en commentaires, en conversations où chacun dit son impression et porte son témoignage ou propose son programme. C’était peut-être le préliminaire inévitable. Aujourd’hui, la chambre nouvelle, élue il y a six semaines, a déjà fait son entrée dans le monde ; elle est réunie depuis hier au palais Bourbon. Les questions se pressent, on va être à l’œuvre réelle, pratique, et tout peut dépendre d’un premier pas, des dispositions avec lesquelles majorité et minorité, partis de toute sorte, vont se rencontrer dans le parlement, de l’idée qu’on se fait des instincts, des vœux, des aspirations du pays.. Il est certain que dans cette chambre qui vient de s’ouvrir, il n’y a pas seulement une foule d’hommes nouveaux, il y a aussi, il doit y avoir un esprit nouveau. Il y a une signification dans ces élections récemment accomplies. Il y a eu un vote pour la république, pour les institutions régnantes, c’est désormais presque universellement entendu ; il y a eu, en même temps et du même coup, un vote pour, une direction nouvelle, pour une politique de conciliation libérale, de réparation, de pacification morale, substituée à une politique malfaisante de parti et de secte. On le sent, et c’est ce sentiment qui doit passer, maintenant dans la réalité. Comment, dans quelle mesure, par quelle série de combinaisons, d’évolutions ou de transactions, cela s’accomplira-t-il ? C’est la question à laquelle on ne peut échapper, qui