opéra la condensation de ces clémens épars, et désormais, en une sente intervention sur les champs de bataille, la cavalerie du premier empire pendit plus de services et récolta plus de gloire que n’avaient pu le faire, en dix années de combats partiels, les héroïques régimens qui avaient servi à la former.
Aujourd’hui, l’idée ne viendrait à aucun général de flaire à la guerre un emploi ainsi divisé de la cavalerie. Il est dûment reconnu ; et admis qu’elle serait réunie en fortes masses. Cependant on continue de l’exercer par petits corps. Personne ne croit plus à l’action des brigades ou des régimens accolés à l’infanterie, et tout le monde paraît trouver naturel qu’on continue de les organiser et de les instruire dans ces conditions. De cette étrange contradiction entre les moyens et le but, nous avons en vain cherché les motifs. Craindrait-on, en enlevant la cavalerie des corps d’armée, de retirer en même temps aux généraux qui les commandent la faculté de s’exercer à leur maniement ? Mais ils n’auront à s’en servir que dans des circonstances exceptionnelles. En règle, les commandans d’armée, seuls, devront employer les régimens, groupés en cavalerie d’armée. Encore se montreront-ils disposés à lui laisser une indépendance complète dans le choix des moyens, à lui indiquer seulement la mission générale, le but ; sinon ils paralyseraient son action ; sous prétexte d’en tirer meilleur parti, ils se priveraient des bénéfices qu’elle pourrait, libre et sans entraves, leur procurer. Aussi bien il n’est pas besoin, pour cela, qu’ils pénètrent dans les détails de l’instruction de l’arme. Est-ce que, dans un concert, le chef d’orchestre a la prétention d’enseigner tous les instrumens ? Le plus souvent, il ne connaît la pratique que d’un seul de ces instrumens ; mais il sait les faire intervenir, tour à tour, dans l’ensemble, — et de leur accord, de leurs notes successives ou mêlées, il obtient l’harmonie. Il dirige et n’instruit pas l’orchestre. De même un général, avec les interventions successives ou simultanées de toutes les armes, livre sa bataille. En somme, un chef d’armée doit savoir employer la cavalerie, — tel Napoléon ; — un chef de cavalerie doit l’entraîner et la conduire, — tel Murat. Pourtant les manœuvres des 9e et 3e corps, en 1887 et 1888, — dans lesquelles des brigades furent constituées en divisions, — semblent marquer un essai de retour vers un ordre d’idées plus fécond et plus rationnel. Mais à ces divisions provisoires, formées la veille même de leur emploi, il manquait, et un commandement solidement constitué et une préparation suffisante pour l’action d’ensemble ; il manquait la période d’assouplissement tactique que, seules, des manœuvres spéciales auraient pu leur offrir. Entre ces différentes unités agglomérées, mais non cohérentes, l’entente devait faire et fit défaut. Chefs et troupe n’avaient pas eu le temps de se connaître, de se