escadrons à la surprise et à l’effet moral saisissant que ne manquerait pas de produire un engin dont l’aspect et les effets leur seraient inconnus.
Mais la question relève de plus haut. Il ne suffit pas, pour justifier son éclosion spontanée, qu’une arme nouvelle réponde à des besoins généraux, à un idéal abstrait. Il faut qu’elle soit en concordance directe avec les tendances qu’elle représente ; elle doit être l’expression précise, et comme la résultante obligée d’une tactique définie. Tel est le caractère et telle la raison d’être de la lance. Elle implique, en effet, l’idée absolue de l’offensive, de l’attaque en lignes compactes, en un mot de cette cohésion dans la charge qui est la note caractéristique et originelle des théories récentes.
Qu’est-ce donc que cette question de la cohésion, dont l’apparition a failli diviser la cavalerie en deux camps rivaux ?
Entre ses partisans et ses détracteurs n’existe-t-il qu’une subtilité didactique ; ou bien est-elle vraiment le point de séparation de deux écoles distinctes et de deux principes différens ? L’une et l’autre opinion ont été exprimées ; en réalité, la cohésion dans la charge est la manifestation normale d’une évolution rationnelle.
Entre la pratique exclusive du service en campagne adoptée après la guerre et le concept moderne de la tactique des masses, le règlement de 1876 a posé un échelon intermédiaire. S’il a revendiqué hautement la part d’action de la cavalerie au combat, il n’a point marqué la liaison naturelle qui devait rattacher les services stratégiques d’exploration ou de sûreté à l’intervention tactique sur les champs de bataille. Ce point de raccord, le Projet d’instruction de 1819 l’a seulement établi, en faisant entrevoir la lutte fréquente et inévitable contre la cavalerie adverse, en créant la formule : explorer, c’est combattre.
Dès lors, ce combat de cavalerie qui, dans le règlement de 1876, n’était que la manœuvre suprême de l’arme, en devint une fonction accoutumée. La charge, de manifestation exceptionnelle qu’elle était, se transforma en exercice cardinal, il est vrai, mais fréquent. Il ne s’agissait plus d’obtenir cet élan foudroyant et désespéré, où les plus braves, se jetant en tête, entraînaient une masse surexcitée et désordonnée. Une forme nouvelle s’imposait ; une impulsion vigoureuse, mais réglée, devait assurer au choc ou à sa figuration, à sa menace, leur maximum d’effet. En avant du rang, les officiers, par essence les plus braves et les mieux montés, devaient imprimer l’élan, régler la vitesse, suivis d’une troupe compacte, cohérente, alignée et soudée comme une barre de fer. Ainsi, le plus souvent, cette démonstration pourrait ébranler le moral de l’adversaire et le maîtriser tactiquement.
Cette évolution terminale fut l’œuvre du règlement de 1882. La