par son pinceau, mais encore inhabités. On entrevoit le jour où, sur ces coteaux, la vigne remplacera la faune envahissante, où le gigantesque projet conçu par MM. G. et W. -B. Chaffey, projet appuyé par les hommes d’état et les capitalistes de la colonie et de la mère-patrie, ouvrira à l’Australie, par l’irrigation et des settlements de Mildura et du Renmark, 500,000 acres de terres merveilleusement appropriées à la culture des céréales, de l’olivier et des arbres fruitiers. Ces hardis colonisateurs n’en sont pas à leurs débuts. En 1882, leur intelligente initiative créait en Californie un district actuellement occupé par 2,500 agriculteurs, une ville qui se peuple rapidement. Forts de leur expérience, disposant d’énormes capitaux, l’œuvre qu’ils entreprennent est appelée à donner à l’immigration australienne une impulsion nouvelle.
Un des traits saillans de notre fin de siècle, un de ceux que l’Exposition de 1889 met le plus en relief, est l’ardeur avec laquelle les États nouveaux s’efforcent d’attirer à eux le surplus de la population de l’Europe. Aux anciennes notions qui faisaient de l’émigrant sans ressources un hôte incommode pour une communauté naissante, un indigent à charge à tous ou un concurrent qui, réduisant le prix de la main-d’œuvre, portait préjudice au colon artisan, ont succédé des idées plus justes et plus saines. On s’est aperçu que l’homme, arrivé à son plein développement, représentait un capital actif ; on a chiffré ce capital et on l’a évalué, au plus bas, à 7,500 francs ; on en a conclu que tout émigrant sain, débarquant sur une terre nouvelle, y apportait avec lui, ne possédât-il rien, un capital immédiatement utilisable, et que son intelligence pouvait décupler et centupler. L’apparente non-valeur devenait une valeur réelle. En attirant en Australie 50,000 nouveaux colons, MM. Chaffey doteront la colonie d’une plus-value de 375 millions. Les bras et la terre ne suffisent pas, il est vrai ; mais ils ont le troisième facteur : des millions pour première mise de fonds, et, ici, les capitaux abondent.
On n’en saurait douter après avoir jeté un coup d’œil sur cette énorme et massive colonne représentant la moitié seulement de l’argent extrait des mines de Broken-Hill, de mai 1886 à mai 1889, soit 303,585 kilogrammes. On n’a pu tout mettre, ni l’élever plus haut ; elle eût dépassé le faite. A côté, la Tasmanie dresse sa pyramide d’or ; au Champ de Mars, c’est par une arche d’or représentant cinq milliards et demi de francs que le visiteur surpris pénètre dans la section australienne où le fauve reflet de l’or brille dans les vitrines, sous la forme de monstrueuses pépites : ici, le Precious, estimé 171,000 francs, là, le Welcome stranger, le bienvenu, d’une valeur de 250,000, fortunes subites dues à un heureux coup de pioche, et que l’on tiendrait pour de fabuleuses légendes si on ne