devançant ni ne redoutant l’homme de la lutte avec le nègre, fuyant le contact de l’Anglais. Hommes du XVIIe siècle, ils ont conservé les mœurs, la foi, les préjugés et les aversions de leurs ancêtres. L’Orange Free State, conquis, peuplé et gouverné par eux, est leur citadelle entre le territoire des Basoutos et la colonie du Cap.
Maîtres du Transvaal, mais épuisés et ruinés pan la lutte soutenue, ils vivaient péniblement sur ce sol déboisé, mal irrigué, déroulant à porte de vue ses plaines arides et monotones ; ils n’espéraient et n’attendaient rien que de leur indomptable persévérance. Ils n’attendirent pas longtemps ; en 1885, ils découvraient de l’or à Lydenburg, puis à Witwatersand, et, soudainement, tout changeait de face.
Au seuil du pavillon de la République sud-africaine, crânement peints sur les piliers, deux cavaliers attirent les regards, cavaliers à la mâle carrure, à la solide ossature, pasteurs, chasseurs, mineurs et soldats, deux types de cette race vigoureuse, mélange d’émigrans hollandais et de huguenots français, endurcie et fortifiée par les rudes travaux des champs, lai vie à ciel ouvert, les luttes incessantes avec la nature et les hommes. A l’intérieur, la principale industrie représentée est celle de l’extraction de l’or, de l’argent, de la houille, du cuivre et du for ; puis, à côté de ces richesses métalliques : les richesses agricoles qu’ont créées l’or et le travail, matières premières qui s’accroissent avec le chiffre de la population.
Sur une superficie de 200,000 kilomètres carrés égale à celle de l’Angleterre et de l’Irlande : 12,000 fermes, 130,000 blancs et 300,000 noirs, désignés sous le nom de Cafres, mélange confus de tribus nombreuses, en majorité Basoutos, population vagabonde, louant ses services, mais ne se fixant pas, regagnant le nord aux premiers froids, revenant aux premières chaleurs. Pas de villes ; des villages, comme Pretoria, le centre le plus important, qui compte à peine 5,000 âmes. De son origine et de sa vie première, cette population a gardé un amour farouche de l’indépendance et de l’isolement, des grands espaces et des fermes disséminées, de la vie de famille opposée à la vie sociale. Sur les lorrains miniers la concentration, forcément, s’opère, et, loin de diminuer avec l’exploitation, la production s’accroît. De 1885 à 1880 elle s’est élevée à 16,608 kilogrammes représentant 43 millions de francs, et, dans la même période, les importations ont monté de 10 millions de francs en 1885, à 61 millions en 1888, et les exportations d’or de 1,700,000 francs à 22 millions 1/2. Par une singulière anomalie, la valeur des autres produits exportés n’est pas indiquée, même approximativement, dans les documens officiels, la douane n’en prenant pas note.