ture bulgare peut rendre assez difficile le retour du prince Ferdinand de Cobourg à Sofia ; mais alors c’est la question tout entière des Balkans qui se réveille, c’est la question d’Orient qui se rouvre, et c’est l’Occident qui en ressent aussitôt comme toujours le dangereux contre-coup.
Si ce n’est pas la saison parlementaire ni le moment des grandes affaires de la politique pour l’Angleterre, c’est encore la saison des grèves qui ne finissent à Londres que pour recommencer sur d’autres points et qui ont d’autant plus de gravité qu’elles décèlent une organisation puissante, une direction énergique et calculée. C’est aussi pour les leaders de tous les partis anglais la saison des pérégrinations, des manifestations, des meetings, des campagnes de propagande. À dire vrai, dans un pays comme l’Angleterre, la vie publique ne s’interrompt jamais. Quand elle n’est pas à Londres, au palais de Westminster, elle est partout, dans les grandes villes industrielles et dans les comtés d’Angleterre ou d’Écosse. Elle est dans une élection qui retrouve les partis en présence et peut être le signe des mouvemens de l’opinion ; elle est quelquefois dans un discours qui ouvre de nouveaux horizons sur la marche des affaires britanniques. Les interrègnes parlementaires sont le commencement d’une session plus libre où s’agitent dans les réunions tous lus problèmes de la politique anglaise. Depuis quelques semaines les principaux chefs de partis sont en campagne, poursuivant en dehors du parlement leurs luttes contre leurs adversaires. Un des chefs du parti unioniste ou des libéraux dissidens, lord Hartington, est allé en Écosse, à Aberdeen, justifier une fois de plus l’évolution qui l’a conduit à se séparer de M. Gladstone et à s’allier avec lord Salisbury dans les affaires d’Irlande. M. Chamberlain, avec plus de vivacité encore, promène son éloquence à Birmingham, à New-Castle et n’est pas au bout de sa campagne oratoire. Lord Randolph Churchill ne se fait faute de discours, où il parle avec la liberté d’un indiscipliné, d’un enfant terrible du torysme. Au même instant, cinq ou six élections partielles se sont succédé dans diverses régions du Royaume-Uni, à Dundee, à Sleaford, à Elgin, à Peterborough. Presque partout, sauf à Sleaford, où M. Henry Chaplin, récemment entré dans le cabinet, a réussi à obtenir le renouvellement de son mandat, l’avantage est resté aux libéraux. À Peterborough qui appartenait jusqu’ici aux conservateurs, l’élection du candidat libéral a été surtout un succès imprévu, d’autant plus décisif que le candidat ministériel avait pour lui les plus puissantes influences et l’appui que les unionistes sont allés lui porter par leurs propagandes. Au bout du compte, depuis les dernières élections générales qui ont porté lord Salisbury et les conservateurs au pouvoir, les libéraux ont regagné, par une série de scrutins partiels, douze ou quinze sièges au parlement.
Élections, manifestations récentes des unionistes, tout cela ne laisse pas d’avoir sa signification et son importance dans l’état des partis en