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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 octobre.

Ballottage du 6 octobre et scrutin du 22 septembre, vote de seconde venue et vote de première venue, c’est tout un. Rien n’est changé, rien ne pouvait sensiblement changer. Quelques avantages de plus ou de moins pour les républicains ou pour les conservateurs dans les provinces, quelques succès boulangistes de hasard à Paris et à Bordeaux, ne modifient ni l’ensemble, ni le caractère, ni la moralité de ces élections de 1889, désormais accomplies et achevées.

Le pays a été interrogé, il a répondu à sa manière en dépit de toutes les violences, il a rempli sa tâche. Au-delà des chiffres d’un aussi vaste scrutin, il est vrai, tout redevient nécessairement un peu énigmatique, tout n’est et ne peut être que conjecture. Ce que sera réellement cette chambre nouvelle, qu’on affecte déjà déclasser, d’étiqueter, comment et dans quelle mesure se combineront tous ces élémens nouveaux sortis de l’urne, de l’outre électorale, si l’on veut, — quelle sera l’œuvre de cette législature qui va commencer, on ne peut le savoir encore. On ne le sait pas plus qu’on ne sait, le jour où s’ouvre une campagne de guerre, ce que sera cette campagne. On connaît à peu près ou l’on croit connaître dans son organisation et sa composition, dans ses élémens et dans ses ressources, cette armée qu’on a formée, qui est la force vivante du pays et qui va marcher au feu : le reste dépend de l’art des manœuvres, du choix des positions de combat, de la discipline des troupes et le plus souvent d’une heureuse inspiration des chefs. Il en est de même de cette autre armée qui s’appelle une assemblée, qui a aussi sa campagne, une campagne toute pacifique de quatre ans à faire, et dont le succès dépend de l’esprit auquel elle obéira, de la direction et de l’impulsion qu’elle recevra. Non, sans doute, on ne sait pas, on ne peut pas savoir ce que sera à l’œuvre cette assemblée nouvelle qui ne