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la langue, avec ce qu’il disait ailleurs, et à peine quelques lignes plus bas, qu’en fait de rythmes Victor Hugo n’en a pas inventé d’autres « que celui de douze vers, où les huit derniers forment deux groupes de trois rimes féminines, suivis chacun d’une rime masculine ? » C’est la strophe :


Non, l’avenir n’est à personne
Sire ! l’avenir est à Dieu.
A chaque fois que l’heure sonne,
Tout ici-bas nous dit adieu.
L’avenir ! l’avenir ! Mystère,
Toutes les choses de la terre,
Gloire, fortune militaire,
Couronne éclatante des rois.
Victoire aux ailes embrasées,
Ambitions réalisées,
Ne sont jamais sur nous posées
Que comme l’oiseau sur les toits.


Seulement, comme le dit fort bien M. Théodore de Banville, — et pour qu’il le dise, on sait s’il faut que ce soit vrai ! — cette strophe n’en est pas une, mais deux : la première de quatre vers, la seconde de huit et l’artifice typographique de la suppression du « blanc » qui devrait les séparer l’une de l’autre, ne donne pas à leur juxtaposition le caractère organique d’un rythme légitime. Pour M. Pellissier, je pense qu’il a pris deux fois le mot de rythme dans deux sens un peu différens ; et, en effet, rythme se dit tantôt du mouvement propre qui anime une strophe entière, et tantôt de celui qui sert à diversifier la monotonie de l’alexandrin français.

C’est ce rythme-là seul, celui qui dépend de la position des césures et des syllabes toniques dans l’intérieur du vers, que l’on peut dire que le Romantisme a renouvelé. J’aurais voulu d’ailleurs qu’on le disant, M. Pellissier n’eût pas ou l’air d’oublier que M. Becq de Fouquières, dans son Traité général de versification française, l’avait dit avant lui. Mais j’aurais surtout voulu que, ce qu’il affirme sur ce sujet, il essayât de le démontrer, de l’appuyer au moins de quelques citations qui fassent des commencemens de preuves. Car la matière est un peu abstraite, et je crains que l’intérêt même n’en soit pas immédiatement senti. On n’est guère disposé en France, ni élevé, à reconnaître entre deux vers une autre différence que celle qui sort naturellement de la pensée ou du sentiment qu’ils expriment. La facture, le mérite proprement technique en échappent à beaucoup de bons juges. Et l’on accorde à la rigueur que le choix des mots importe, et celui des sons, et l’éclat des images ; on admet moins volontiers le pouvoir de l’allitération, ou celui de la discordance, et qu’une seule rime quelquefois fasse