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exportent pour 82 millions de café, cacao, peaux de bœuf, de chèvre et de chevreuil, de coton et de fruits, de gros bétail et de caoutchouc, par les ports de la Guaïra, de Puerto Caballo, de Ciudad Bolivar, de Macaraïbo et de la Vela, sans compter le commerce du cabotage, qui se chiffre par un total de 58 millions. Ce commerce d’ensemble met en mouvement une flotte de 9,263 navires, dont 1,052 à vapeur, jaugeant au total plus de 2 millions de tonnes.

L’accroissement continu de la population, des recettes publiques, qui ont triplé en vingt ans, de l’aisance générale, qui a suivi une marche plus rapide encore, attestent les progrès du Venezuela et donnent à l’exposition de ses produits un intérêt tout particulier.

A peu de distance, un temple inca, massif, carré, couleur d’ardoise, au fronton décoré de hiéroglyphes empruntés au culte du dieu soleil, nous ouvre ses portes. A l’intérieur, sur un fond rouge, se détache l’écusson de l’Equateur : un aigle éployé planant sur une mer unie où vogue un navire à vapeur ; du sein des flots surgit une montagne d’argent, étincelante aux rayons d’un soleil nimbé d’or. Située sous l’équateur, dont la ligne idéale passe sur la cime majestueuse du Cayambé, cette région évêque, par son nom seul, l’idée d’intolérables chaleurs, d’un climat brûlant et malsain, de myriades d’insectes dévorans, de fièvres et de reptiles. Cela n’est vrai que des côtes, car si le paradis terrestre existe encore sur notre terre, c’est à Quito, capitale de l’Equateur. Ici, la Cordillère des Andes qui, sur 4,000 lieues de longueur, de l’Océan-Glacial arctique au cap Horn, déroule sa chaîne monstrueuse, se renfle en hauts plateaux, en massifs énormes que dominent la cime altière du Chimborazo mesurant plus de 6,000 mètres de hauteur, celle du volcan de Cotopaxi, la plus belle des montagnes de l’Amérique, du Pichincha, où s’est livrée, à la plus grande altitude connue, la sanglante bataille dans laquelle la république de l’Equateur a conquis son indépendance. Sur ce massif de 4,000 mètres au-dessus de la mer, sous un ciel idéal, dans le plus égal et le plus doux des climats, devant le plus beau des paysages, Quito, reine du printemps, domine ses fraîches vallées où de rians cours d’eau serpentent à travers d’épaisses forêts toujours parées de feuilles et de fleurs, et des pâturages toujours verts.

Dans le pavillon de l’Equateur nous retrouvons le café, le caoutchouc, le quinquina, le soufre, la laine, le tabac, le cacao, dont le pays exporte pour plus de 27 millions de francs à l’année. A côté de ces produits de la culture moderne, des collections archéologiques rappellent les souvenirs du passé. Partout, semble-t-il, ces républiques américaines ont tenu à nous montrer, auprès des