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de ces anneaux, des tourbillons partiels en amènent la décomposition, sans altérer le sens du mouvement giratoire qui les entraîne, jusqu’au moment où, les plus forts de ces tourbillons attirant et absorbant les autres, l’un d’entre eux se substituant finalement à l’anneau, celui-ci fait alors place à une masse sphérique tournant sur son axe, dans une direction plus ou moins perpendiculaire au plan de l’anneau, et la nouvelle planète se trouve formée. Mais lente est cette formation, et il lui reste à traverser une longue période de concentration de tous les élémens encore diffus qu’elle comprend, période au cours de laquelle elle donnera naissance, vers les limites extrêmes d’un globe encore nébuleux, aux anneaux d’où sortiront les satellites ; d’autre part, et en même temps, les particules élémentaires les plus denses, destinées à se liquéfier les premières et à engendrer le plus de chaleur, viendront occuper la région centrale de la planète, pour longtemps ardente et lumineuse. C’est à ce moment de la formation, relativement avancée, du système que M. Faye entrevoit la première ébauche du soleil. Au centre, demeuré vide de ce chaos à peine organisé, viendront se rendre de toutes parts, en décrivant des ellipses aussi allongées ou plus excentriques encore que celles des comètes de nos jours, tous les matériaux qui n’auront pas été compris dans les anneaux ou englobés décidément par les planètes, et il se constituera ainsi une masse centrale démesurée en diamètre, mais n’exerçant encore, à raison de sa très faible densité, qu’une action attractive à peine sensible, tendant vers la forme sphérique, luisant d’une pâle clarté, n’ayant encore aucune force radiante, tandis que, vers les limites extérieures du système, les zones qui donneront naissance aux planètes les plus éloignées persistent à l’état d’anneau, leur formation plus tardive expliquant l’existence des anneaux de Saturne.

Nous assistans ainsi aux débuts des temps géologiques, de ceux qui précédèrent immédiatement l’éclosion de la vie sur le globe terrestre, incandescent à l’origine, mais se refroidissant peu à peu. Les eaux, d’abord entièrement vaporisées, commencent à retomber en flots liquides ; la croûte superficielle, remaniée à plusieurs reprises et injectée par les matériaux en fusion venus de l’intérieur, tend à se consolider, bien qu’elle garde encore un pouvoir de transmission calorique qu’elle perdra plus tard. L’ébauche solaire achève parallèlement de se constituer ; sa masse s’accroît par la chute de loua les matériaux extérieurs à l’orbite terrestre, qui vont la rejoindre de toutes parts. On ne peut songer sans étonnement à l’énormité des chiffres qui représentent la somme de chaleur acquise provenant de ces chutes de matières arrivées des régions les plus lointaines et tombées du fond1 des espaces