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chefs-d’œuvre des ouvriers de Kioto, l’iris, le nénuphar et le lotus entrouvrent leurs corolles parlantes ; sur les plaques d’or, d’argent, de bronze ou de métal Siwa, dont les bijoutiers décorent les poignées et les fourreaux de sabre des yakonnines, sur les selles et les harnais, les écritoires portatives et les pipes, sur les meubles usuels, plateaux de laque, vaisselle et porcelaines, les symboles s’unissent et se mêlent, accentuant et soulignant l’idée par leur imprévu rapprochement. Ils excellent à la rendre tangible, même à nos yeux et jusque dans leurs modes. Ces riches poupées vêtues de brocart d’or, aux cheveux dénoués, flottant sur leurs épaules, aux longs pans de robe qui dépassent à droite et à gauche les plis ondoyans du manteau, obéissant aux mouvemens cadencés de deux petits pieds invisibles, semblent marcher à genoux, nonchalamment balancées sur leurs hanches souples. Cette bizarrerie est voulue ; il faut que, debout en présence du mikado, elles paraissent agenouillées devant sa majesté sainte.

Il faut aussi que les objets usuels évitent de heurter l’œil par de vives arêtes ; cette préoccupation est surtout sensible dans les objets d’art ancien. La forme quadrangulaire en était rigoureusement bannie ; nos angles droits blessent leurs yeux obliques qui se plaisent aux lignes ondoyantes ; ils éveillent en eux la sensation pénible d’un contour brutalement interrompu dont le regard ne peut suivre le tracé ; ils éveillent aussi l’impression physique d’une arête aiguë, d’un contact désagréable, d’un choc douloureux entre le corps humain et l’objet usuel. Plateaux, écrins, étagères, boîtes, cabinets offrent les angles rabattus, légèrement arrondis qu’ils affectionnent, et empruntent au règne végétal ou animal leurs motifs d’ornementation. Les oiseaux et les fleurs leur inspirent des compositions ravissantes de vérité, de grâce et d’harmonie, qualités qu’ils ne retrouvent plus dans la conventionnelle expression de la figure humaine. Sous leurs mains agiles le bronze s’anime et vit ; sur sa surface unie, courent de légers dessins de fleurs, de capricieuses arabesques en fil d’or incruste au marteau, et les vases de bronze niellés d’argent, couronnés de feuilles de lotus, façonnés avec un art savant, captivent les yeux par leur incomparable fantaisie.

Toute cette partie de l’exposition japonaise est merveilleuse, du goût le plus fin et le plus délicat, le plus sobre et le plus épuré. On ne peut qu’applaudir aux efforts de ce peuple si profondément sympathique. Dans la vieille Asie, il personnifie le mouvement et la vie, la civilisation de l’Europe, qu’il s’assimile avec une prodigieuse souplesse, ses idées et ses mœurs, ses coutumes et son costume, qu’il adopte au détriment de son originalité. Au Japon