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constamment accordée aux sciences, aux lettres et aux arts, nous a toujours fait considérer avec un intérêt particulier les divers établissemens qu’ils ont fondés pour honorer ceux qui les cultivent. Aussi n’avons-nous pu voir sans douleur la chute de ces Académies,.. dont la fondation a été un titre de gloire pour nos augustes prédécesseurs. Depuis l’époque où elles ont été rétablies sous une dénomination nouvelle, nous avons vu avec une vive satisfaction la considération et la renommée que l’Institut a méritées en Europe. Aussitôt que la divine Providence nous a rappelé sur le trône de nos pères, notre intention a été de maintenir et de protéger cette savante Compagnie ; mais nous avons jugé convenable de rendre à chacune de ses classes son nom primitif, afin de rattacher leur gloire passée à celle qu’elles ont acquise, et de leur rappeler à la fois ce qu’elles ont pu faire dans des temps difficiles et ce que nous devons en attendre dans des jours plus heureux.

« Enfin, nous nous sommes proposé de donner aux Académies une marque de notre royale bienveillance, en associant leur rétablissement à la restauration de la monarchie et en mettant leur composition et leurs statuts en accord avec l’ordre actuel de notre gouvernement. »

La création d’une classe d’académiciens libres composée « d’hommes distingués, soit par leur rang et leur goût, soit par leurs connaissances théoriques ou pratiques dans les beaux-arts, soit par les écrits remarquables qu’ils auraient publiés sur ce sujet, » était une de ces modifications aux « statuts » qui tendaient à renouveler dans le présent, au moins en partie, des habitudes disparues jadis avec la royauté. Depuis le règne de Louis XIV, en effet, jusqu’à la fin du règne de Louis XVI, il y avait eu dans l’Académie royale de peinture, d’abord sous le titre de « conseillers honoraires amateurs, » puis sous celui « d’honoraires amateurs et d’associés libres, » un certain nombre de personnages de haut rang que les artistes membres de la Compagnie s’étaient adjoints avec un empressement qui s’explique par cela même qu’ils trouvaient en eux des intermédiaires officieux entre l’Académie et le roi ; il y avait aussi, — nous l’avons dit au commencement de ce travail, — des érudits comme le comte de Caylus. Mariette et plusieurs autres, dont le goût et les connaissances spéciales justifiaient amplement les suffrages qui leur avaient été donnés. Rien de mieux, sans doute, que de reprendre au profit de la nouvelle Académie des traditions qui, dans l’ancienne, avaient eu ce double avantage d’associer aux artistes des hommes familiarisés de longue main avec les beaux-arts et des personnages assez influons pour en servir, le cas échéant, les intérêts auprès du pouvoir. Toutefois, il eût été