s’allonger sur le sentier où elle cheminait pour la gloire de Dieu, si douloureusement, depuis le jour de sa première mission florentine. Elle avait trente-trois ans ; un apostolat si passionné avait détruit sa santé : elle touchait au terme de son pèlerinage. Le 30 janvier 1380, elle écrivit une dernière fois à Urbain VI. Elle recommandait la prudence à l’impétueux pontife. Le 15 février, avec une peine extrême, elle dicta ses adieux au fidèle Raimondo, son père spirituel. Dans cette lettre, où elle imagine que Dieu lui parle, elle esquissait, avec sa finesse habituelle d’observation, le caractère du pape. « Regarde en moi, Catherine, et vois l’époux de cette épouse, le souverain pontife : vois sa sainte et bonne intention, qui lui fait perdre toute mesure. Je permets que par sa conduite sans mesure, et la terreur qu’il inspire à ses sujets, il nettoie la sainte église ; mais d’autres viendront, qui l’occuperont par l’amour. Dis à mon vicaire qu’il rende sa puissance juste et accorde la paix à quiconque voudra la recevoir. » Aux disciples qui entouraient sa couche, elle adressa les paroles du Sauveur à son dernier souper, les paroles de François d’Assise mourant à ses frères : « Aimez-vous, mes fils, aimez-vous tendrement, et vous montrerez ainsi que vous me voulez toujours pour votre mère… Croyez fermement, mes très doux enfans, que, me séparant de mon corps, j’ai en vérité consumé ma vie pour la sainte église, et cela est mon don particulier. Je m’en vais du monde où j’ai souffert sans mesure, je vais me reposer dans la mer pacifique, le Dieu éternel ; mais je vous promets que, loin des ténèbres de la vie, unie à la vraie lumière, je vous serai plus utile que je ne le fus ici-bas. » Au moment de rendre l’âme, elle se tourna vers ses amis et vers sa mère, et dit : « Mon vœu suprême est que vous confessiez toujours bien haut qu’Urbain est vrai pontife et que vous n’hésitiez pas à mourir pour lui et pour l’église. » Puis elle leva la main et traça le signe de la croix sur les têtes inclinées de tous ceux qu’elle avait le plus aimés, murmura la parole sainte : « Père, je remets mon esprit entre tes mains, » et expira avec une figure angélique, le 29 avril 1380.
Des événemens inouïs suivirent de près la mort de sainte Catherine. Urbain VI sembla saisi de frénésie. Il jeta sur le royaume de Naples Charles de Duras ; celui-ci battit l’armée de Jeanne Ire, s’empara de la vieille reine et la fit étrangler à l’aide d’un cordon de soie. L’antipape d’Avignon lança de son côté son prétendant, un autre Angevin, Louis, à la tête d’une armée française. Urbain ramassa tout ce qu’il put des bandes d’Hawkwood et marcha sur Naples au secours de son pupille. Au bout de quelques jours, il se brouillait mortellement avec Charles ; au lieu de retourner à Rome, il s’enfermait avec ses cardinaux dans la citadelle de Nocera. Le sacré-collège, qui le haïssait, conspira ; en plein hiver, il fit jeter