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pour un sorcier. Ces accès de dépit, ces malices d’enfans gâtés étaient, au fond, inoffensives. L’Italie qui avait laissé s’implanter chez elle, sans les prendre fort au sérieux, toutes les grandes hérésies du moyen âge, Rome, qui avait fait bon visage à tant d’anti-papes impériaux, sans déserter un seul jour la tradition apostolique, ne songeaient guère, antérieurement à Urbain V, à rompre par un schisme l’unité de l’église. Mais le gran rifiuto d’Urbain créait une situation toute nouvelle et menaçante. Si Grégoire XI n’était revenu mourir au Vatican, on peut croire que le schisme se serait produit du vivant même de ce pape. Or, à ce moment, une rupture, du fait de l’Italie, était autrement désastreuse pour la chrétienté qu’elle ne le fut plus tard, à partir d’Urbain VI, par le long divorce des nations latines séparées de Rome, par le schisme d’Occident.

L’église d’Avignon, bien qu’elle eût été toujours en possession du pape légitime, perdait peu à peu le caractère œcuménique et catholique. Elle n’était plus que l’église nationale de France. « Le roi, écrit un franciscain du temps d’Urbain V, résista tant qu’il put au retour du pape à Rome, car il avait toujours conduit à son gré les derniers pontifes, les cardinaux étant alors de sa famille ou ses amis. » Cette église française, vassale du roi, suzeraine des autres églises, inquiétante pour celles-ci aux jours de fortune ascendante du roi, était, à cette heure même du siècle, dans la misère de la guerre de cent ans, débile et dépourvue d’autorité doctrinale. Le pape romain, lui du moins, en tous ses exils, toutes ses détresses, l’évêque universel qu’une bande de brigands arrachait, ainsi qu’il advint à Grégoire VII et à Gélase II, le calice à la main, de l’autel de sa basilique, portait toujours avec soi le prestige de son siège antique, la ville que Dieu avait sacrée du sang des martyrs reine éternelle du genre humain. L’église française eût très vite déconcerté la chrétienté tout entière par ses hautes qualités religieuses comme par ses infirmités intellectuelles ; elle avait une droiture d’âme véritable, la vénération du dogme écrit, le goût de la pureté morale ; mais elle était bien scolastique, pédante, enchaînée aux textes, un peu sèche de cœur, affidée de trop près à l’Université de Paris, gâtant l’analyse des choses délicates de la conscience par la médiocrité de vues de nos anciens juristes, généralement mal disposée à l’égard de l’imagination mystique, et préférant, pour la discipline de la foi, le syllogisme à l’extase. Il avait fallu autrefois toute la souplesse politique de l’église romaine pour maintenir tant bien que mal les différentes familles de la chrétienté sous une seule houlette, sans parler de l’art merveilleux que Rome déployait, depuis un siècle et demi, dans l’éducation des fidèles chiens de berger, prêcheurs ou mineurs, dont le caractère et la vigilance variaient selon la région où paissaient leurs brebis. Le pasteur d’Avignon