Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 94.djvu/96

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est à lui qu’elle raconte ses inquiétudes sur la santé de ses enfans, qu’elle parle tendrement de son aîné « qui s’est démis une épaule en tombant du cheval ; » de son pauvre chartreux « qu’elle espéroit voir ; mais Dieu en a disposé autrement ; » de son malade enfin (c’est le futur cardinal) « toujours tourmenté de ses fièvres » et desquelles elle souhaite si vivement pour lui « une heureuse délivrance. »

Enfin un ami intime de François de La Porte, l’avocat Denys Bouthillier, restait à Paris, le fidèle correspondant et le défenseur utile de la fille de son collègue. Aussi loin que l’on remonte dans la vie du cardinal, on rencontre le nom des Bouthillier.

Les actes de la paroisse de Braye nous ont conservé quelque trace de la présence des seigneurs de Richelieu dans le pays. Ils tenaient fréquemment sur les fonts baptismaux les enfans de leurs paysans. Ce n’est pas sans émotion que l’on feuillette aujourd’hui ces papiers jaunis par le temps, où les fils de Mme de Richelieu ont, il y a trois cents ans, écrit, d’une plume incertaine, leurs premières signatures.

A partir de 1592, apparaissent ces actes de baptême. Les noms des divers membres de la famille se rencontrent assez fréquemment en 1592 et 1595. Ils disparaissent de 1593 à 1595, comme si, dans cette période, Mme de Richelieu et les siens s’étaient absentés ; puis le nom de Henri du Plessis, celui de la tante Françoise, de la petite sœur Nicole, se retrouvent. On voit même mentionnée une Rose du Plessis dont c’est la seule trace relevée jusqu’ici. De 1596 à 1600, pas une seule mention des garçons. Ils sont à Paris où ils font leurs études. Le 21 juin 1600, Henri du Plessis est parrain du fils d’un des domestiques, Jacques du Carroy ; sa mère et sa sœur Nicole sont les marraines. Nous retrouvons les signatures de Nicole et de la tante de Marconnay jusqu’en février 1611, où le registre mentionne la mort de cette dernière, qui fut inhumée à Saulve. Le nom d’Armand-Jean du Plessis, le futur cardinal, ne figure pas une seule fois sur ces actes.

Mme de Richelieu y est nommée une fois encore ; c’est pour la mention de sa mort : « Le 14e de novembre 1616, environ sur les dix heures du matin, est allée de vie à trépas noble dame Suzanne de La Porte, dame de Richelieu. — Le 8e dudit mois et an de décembre de 1616 a été faite l’obsèque de défunte noble dame Suzanne de La Porte, dame de Richelieu. »

Cependant, les enfans ont grandi. Henri du Plessis, l’aîné, s’est marié avec Marguerite Guiot des Charmeaux. Ils ont un enfant. Les registres de Braye parlent encore : « Le 14e octobre 1618 est né François-Louis du Plessis, fils de Henri du Plessis, seigneur de Richelieu et de dame Marguerite Guiot, lequel a été baptisé par