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à la fois les rois de Juda et les royaumes des Nations, c’est-à-dire la Syrie et l’Egypte ; tout cela à travers les guerres civiles des Romains. C’est alors qu’Hérode devient roi, sans droit, sans titre, d’une manière inattendue, simplement parce que Jéhova l’a choisi.

Il y a un verset (1-13) où Aggée s’appelle lui-même messager de Jéhova. C’est le même mot hébreu qu’on traduit ailleurs par ange, ange n’étant en effet que le mot grec qui signifie un messager.

Les deux courts chapitres d’Aggée contiennent donc déjà, sur le temps où ils ont été écrits, les indications les plus décisives ; mais la prophétie plus étendue de Zacharie est pleine de témoignages dans le même sens.

Le prophète voit quatre cornes, « qui ont jeté au vent Juda, Israël et Jérusalem (2-2), » puis quatre forgerons, chargés d’abattre ces cornes ennemies. Les quatre cornes sont les quatre empires qui ont tour à tour asservi Juda (Assyriens, Chaldéens, Perses, Macédoniens), et les forgerons sont les conquérans qui ont détruit ces empires (Nabuchodonosor, Cyrus, Alexandre et Pompée).

Jérusalem est reconstruite sans murailles ; ce sa muraille sera Jéhova (2-8). » — C’est que les Romains ne permettaient pas que Jérusalem fut une place forte ; mais Zacharie aime mieux dire qu’elle est maintenant trop peuplée pour pouvoir être enfermée dans une enceinte. Elle se peuplait en effet de tous les Juifs qui s’étaient réfugiés en Syrie (2-11), pendant les cruelles épreuves qui avaient précédé le règne nouveau.

Le grand-prêtre revient dans Zacharie, mais avec des détails curieux. Il comparait devant l’ange de Jéhova (3-1) ; mais à sa droite se tient l’Accusateur (le Satan) pour l’accuser. Jéhova fait taire l’Accusateur. Celui-là, dit-il, c’est un tison retiré du feu, c’est-à-dire qui a été en péril, mais qui est sauvé. Et Jésus était vêtu d’habits misérables (comme accusé). Mais Jéhova lui fait retirer ces habits, et le fait revêtir de vêtemens magnifiques. — Tout cela nous est expliqué par Josèphe dans l’histoire d’Hérode. Celui-ci, je l’ai dit, n’osant succéder comme grand-prêtre aux Asmonées, avait fait un grand-prêtre, nommé Ananel. Mais il restait un petit-fils d’un Asmonée. Hérode, qui lui-même avait épousé une fille des Asmonées, Mariamne, n’osa refuser à la mère de cet héritier des rois de le faire grand-prêtre, et pour lui donner ces hautes fonctions, il les ôta à Ananel que, sans doute, il en déclara indigne. Mais il se repentit bientôt de sa complaisance pour le sang royal, et le jeune grand-prêtre disparut en moins d’une année, s’étant noyé, disait-on, en prenant un bain. Ananel fut alors rétabli dans son office de grand-prêtre[1]. C’est lui qu’il faut entendre sous ce nom de Jésus.

  1. Josèphe (Antiquités, 16, 2, 4 et 3, 3).