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Hauranne l’avait averti le premier, au nom de son évêque. Celui-ci prend bientôt la plume. On n’avait pu obtenir, du clergé de Poitiers, la nomination d’un seul député : il avait fallu donner, comme adjoint à l’évêque de Luçon, le doyen de Saint-Hilaire. En outre, le diocèse de Maillezais n’avait pas voulu se joindre au vote. La Rocheposay s’en explique : « Monsieur, vous savez par M. de Saint-Cyran comme vous fûtes hier nommé député pour ce diocèse, et M. le doyen de Saint-Hilaire avec vous, qui est un homme aussi paisible qu’on en saurait désirer. On a été obligé de vous donner cet assistant parce que ceux de la ville eussent murmuré s’il n’y en eût eu un de la ville (encore qu’on n’a pas laissé de dire que les évêques vouloient tout faire, qu’un évêque seroit plus que quatre capitulaires et qu’on avoit toujours accoutumé d’en nommer un de Saint-Pierre), outre qu’on nomme deux partout et qu’on compte aux états, à ce qu’on dit, les voix des députés et non pas les provinces. La considération que vous serez député pour les trois évêchés a fort servi pour contenter les capitulans, qui seuls font les difficultés ; mais, à ce que j’entends, Maillezais va à Fon-tenay pour faire bande à part, ce qui ne leur réussira pas. Vous y remédierez, s’il vous plaît, comme à ce qui est de Luçon, et puisque vous me voulez faire l’honneur de venir ici, j’oserois vous supplier que ce fût lundi au soir, parce qu’on a pris le mardi suivant pour aviser aux cahiers et mettre ce qui est des trois diocèses en un cahier. Je me remets à M. de Saint-Cyran pour les autres particularités… »

Ces documens montrent les trois amis de Richelieu, La Rocheposay d’Abain, Saint-Cyran, et le fidèle doyen Routhillier (car celui-ci n’avait pas quitté Poitiers durant tout le temps de l’élection), s’employant ensemble à préparer la carrière de leur ami, écartant devant lui tous les obstacles, lui mettant, selon une métaphore du temps, le pied à l’étrier.

Il ne restait plus qu’à donner, au travail qui s’était fait sous le manteau, une consécration officielle. Le 24 août, chacun des corps fut convoqué pour élire définitivement ses députés : « Ceux de l’église s’assemblèrent en la chambre du conseil ; ils désignèrent M. l’évêque de Luçon et le doyen de Saint-Hilaire ; ceux de la noblesse, en la chapelle ; ils nommèrent MM. de la Chateigneraie et de la Noue ; ceux du tiers-état, en la salle de l’audience, nommèrent MM. Desfontaines-Brochard, ancien conseiller et échevin, Brisson, sénéchal de Fontenay-Ie-Comte, et Arnaud, marchand. »

Les quelques semaines qui suivirent furent consacrées à la rédaction du cahier du clergé. Richelieu vint exprès à Poitiers pour prendre part à la discussion. L’exemplaire qui lui fut remis est