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même ne valaient pas mieux qu’Éphraïm et avaient attiré la colère de Jéhova, qui est enfin apaisée.

Le chapitre xxix décrit encore un siège de Jérusalem, désignée sous le nom d’Ariel, qui paraît signifier foyer de Dieu, du nom de l’autel des holocaustes[1]. Ce siège a été terrible, et tous désespèrent, car ils ne savent pas les secrets de leur dieu. Mais tout à coup le danger s’éloigne, et on voit renaître la paix et la joie par le bienfait de Jéhova. Ce siège est, je crois, celui qui fut mis devant Jérusalem, au début du principat de Jean ou Hyrcan, par Antiochus Sidétès, et qui aboutit à une alliance entre le roi de Syrie et le grand-prêtre.

Au début de chacun des deux chapitres xxx et xxxi, le prophète condamne ceux qui, désespérant de lutter dans Jérusalem, parlaient de passer en Égypte et de s’appuyer sur l’alliance des Égyptiens. Nous ne savons pas à quel moment précisément cela s’est passé. Il est probable que c’est à la suite du rapprochement entre Jonathan et Ptolémée Philométor contre Démétrius (Antiq., xiii, 4, 2 et 5) ; mais Ptolémée se rangea tout à coup du côté de Démétrius, puis mourut, de sorte que l’Égypte ne fit rien pour les Juifs [Ibid., 7 et 8).

Je passe tout de suite au chapitre xxxiv, rempli tout entier par une description passionnée de la défaite et de la ruine desiduméens. Voilà encore un événement qu’il est impossible de placer dans l’histoire des derniers temps des deux royaumes. C’est Jean ou Hyrcan, fils de Simon, qui, l’an 128 avant notre ère, soumit les Iduméens, ces frères ennemis de Juda, et en fit définitivement des sujets, en leur imposant la circoncision.

Mais si on met à part ce grand fait, les cinq chapitres xxxi-xxxv et déjà la fin du chapitre xxx présentent surtout le développement général, sous les plus vives images, de la restauration et du triomphe de Juda et de son dieu, u Les idoles sont proscrites, la prospérité du pays est assurée. Assur est frappé par Jéhova, et chaque coup qui le frappe est accueilli, en Israël, au son des tambourins et des harpes. Assur a succombé, non sous le glaive d’un homme, mais sous celui de Jéhova[2]. La justice règne (sous le grand-prêtre). Les infidèles sont condamnés, et les justes triomphent. Ils revoient leur prince dans sa grandeur, ils revoient tout le pays (au lieu d’être enfermés dans Jérusalem). Où est maintenant l’enregistreur ? Où est l’exacteur ? Où est celui qui surveillait les murailles ? Tu ne

  1. D’après Ézéchiel, 43, 15.
  2. Il s’agit probablement de la mort d’Antioche Sidétès. (Voir Saulcy, Sept siècles de l’histoire judaïque, 187 i, p. 138-139.) — Josèphe, Antiquités, xiii, 4, 4, etc.