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renversée, il l’a jetée dans ta poussière. Elle est foulée sous les pieds, sous les pieds des faibles, sous les pas des opprimés (26-5). »

« Jéhova, notre dieu, d’autres maîtres que toi ont dominé sur nous ; mais nous ne voulons invoquer que toi et ton nom. Les morts ne ressuscitent pas, les ombres ne reviennent pas à la vie. Tu as regardé, et tu les as exterminés, et effacé jusqu’à leur mémoire (13-14). »

« A l’avenir, Jacob poussera des racines, Israël fleurira et s’épanouira, et le pays entier sera rempli de ses fruits (27-6). »

« Oui, elle est détruite, la ville forte, séjour délaissé, tente solitaire. Le bœuf y va paître quelques tiges, les tiges mêmes se dessèchent, et les femmes y mettent le feu. Car ce peuple n’a pas été un peuple sage ; aussi son créateur n’a pas pitié de lui et ne lui fait pas grâce. Mais en ce temps Jéhova fait sa récolte, depuis le cours du grand fleuve jusqu’au ruisseau d’Égypte[1], et vous êtes recueillis tous tant que vous êtes, enfans d’Israël. En ce jour, une grande trompette sonne, et ils reviennent, ceux qui étaient perdus au pays d’Assur, ceux qui étaient dispersés sur la terre d’Égypte, et ils adorent Jéhova sur sa sainte montagne de Jérusalem (10-13). » C’est-à-dire que l’indépendance d’Israël étant enfin assurée, tous ceux qui avaient été exilés en Égypte et en Syrie, ou qui s’étaient exilés eux-mêmes, ne pouvant supporter la domination macédonienne, rentrent de tous côtés dans leur pays.

Il faut donc reconnaître, comme l’avait senti Vitringa au XVIIe siècle, qu’en effet, nous entendons dans ces pages si chaudes le cri de délivrance d’Israël, lorsqu’avec l’acra, la domination des rois de Syrie a disparu pour toujours, et que les opprimés se croient sûrs de n’avoir plus que leur dieu pour maître ; car qui pensait alors aux Romains ?

Les six premiers versets du chapitre XXVIII disent la chute d’Ephraïm, châtiée dans son orgueil. Elle tombe sous les coups d’un puissant, envoyé du Seigneur, tandis que Jéhova couvre son peuple de gloire et donne à son prince la justice et la force. Ici encore il n’y a qu’une date à laquelle on puisse penser ; c’est celle des victoires de Jean ou Hyrcan, fils de Simon, qui, en 129, prit Sichem, détruisit le temple samaritain de Garizim, et enfin, après un siège d’une année, emporta Samarie elle-même, l’éternelle rivale de Juda, et la détruisit (Antiq., 13-10-2).

À ces versets succède une invective contre ceux qui dans Juda

  1. Depuis l’Euphrate jusqu’au ruisseau qui fait la séparation de l’Égypte et de la Terre-Sainte.