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démolirent en partant les murs de Jérusalem. Ils emmenèrent prisonnier, et bientôt ils mirent à mort le grand-prêtre, cet Onias, de son nom grec Ménélas, qui régnait depuis dix ans, des malheureux grands-prêtres, créatures des rois de Syrie, étaient dans la position la plus fausse, et ne pouvaient jamais contenter ni leurs maîtres ni leur peuple. Ménélas fut remplacé par un Iakim, Alcime de son nom grec, qui n’était pas de race sacerdotale. Celui-ci mourut de maladie au bout de quelques années, et les Syriens ne le remplacèrent pas ; la grande-prêtrise demeura vacante.

Cependant il restait un Onias, neveu de Ménélas, qui, à la mort de son oncle, ne pouvant supporter la déchéance de sa famille, se retira en Égypte. Il y fut bien accueilli, — les rois d’Égypte favorisant naturellement les Israélites contre les rois de Syrie, — et un peu plus tard, en l’an 150 avant notre ère, il obtint de Ptolémée Philométor l’autorisation d’élever eu Égypte un temple au dieu d’Israël. Ce temple subsista jusqu’à la naine du Temple de Jérusalem.

La lutte continua en Juda sous Alcime, mais dans une bataille Judas fut tué. Le Premier livre des Maccabées pousse ici un cri de détresse (IX, 20) : « Et ils prirent le deuil pendant plusieurs jours, et ils dirent : Comment est-il tombé, le fort qui sauvait Israël[1] ? » La situation des Fidèles parut quelque temps désespérée. Ils se rallièrent pourtant, dans le nord du pays, sous le commandement de Jonathan, frère de Judas. Il réussit à se maintenir et à se faire respecter des Syriens, avec qui il conclut une espèce de trêve. La situation changea tout à coup, en 153, deux rois se disputant la Syrie. Jonathan et son armée-s’étaient déjà assez fait compter pour que chacun des prétendans voulût les avoir avec soi. Celui qui triompha s’attacha Jonathan en le faisant grand-prêtre à Jérusalem, qui était depuis sept ans sans grand-prêtre. Et le Syrien ayant épousé la fille du roi d’Égypte pour s’assurer son alliance, Jonathan est invité aux fêtes du mariage et y figure entre les deux rois.

Cependant, à cette révolution de la Syrie, une autre succède, puis une autre encore, et à chacune Jonathan gagne quelque chose. Mais à la fin il se laisse surprendre par une démarche de fausse amitié, et il est assassiné par les Syriens.

La situation de Juda n’en est nullement affaiblie. Simon, qui succède à son frère, trouve à son tour un roi de Syrie pour le reconnaître comme grand-prêtre et comme allié. Et il est si fort,

  1. Ce sont les versets qui ont fourni à Fléchier le texte de son oraison funèbre de Turenne.