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acropole ou acra fortifiée où fut établie une garnison d’hellénisans pour tenir en respect les Israélites. Beaucoup de ceux-ci abandonnèrent Jérusalem, qui sis remplit d’infidèles. Comme ces infidèles étaient étrangers, ou affiliés aux étrangers, Israël étant le seul peuple qui adorât Jéhova, les fidèles les appelaient les Nations, désignation qui prenait ainsi un sens théologique. Je marque ce sens en employant une majuscule[1].

Le livre grec qui a pour titre Premier livre des Maccabées[2], qui est la plus ancienne source que nous puissions consulter, raconte que Jérusalem devint alors toute grecque, au dehors du moins ; que le Temple fut profané et qu’on y plaça une idole ; que beaucoup violèrent le sabbat et firent des sacrifices aux dieux des Nations ; que les fêtes de Jéhova furent abolies ; qu’on brûla les livres de la Loi, qu’on interdit la circoncision, qu’on s’efforça enfin d’exterminer la religion nationale. Mais à Modin, à quelques lieues de Jérusalem, un prêtre, nommé Mathathias, voyant un homme de Juda qui sacrifiait à une idole, se jeta sur cet homme et le tua, et avec lui l’envoyé du roi qui présidait au sacrifice. Il avait cinq fils déjà hommes. Il gagna les montagnes avec eux, suivi d’une troupe qui fut bientôt considérable. Ainsi commença une insurrection qui devait aboutir à l’affranchissement d’Israël. Mathathias mourut au début même de la lutte ; mais Judas, l’un de ses fils, en fut le chef ; il remporta une suite de victoires qui le firent surnommer Maccabée, c’est-à-dire, à ce qu’il parait, le Marteau. Il reprit possession de Jérusalem, à l’exception de l’acra. Et il tint si bien en respect la garnison même de l’acra, qu’il put restaurer, dans le Temple purifié, le culte de Jéhova. En même temps son frère Simon battait aussi en Galilée une invasion des Philistins, c’est-à-dire des peuples de Tyr et des environs.

Le surnom de Maccabée n’a jamais appartenu qu’au seul Judas ; c’est donc improprement qu’on dit les livres des Maccabées. Le nom de cette famille était les Asmonées ou Asamonées, nom pris de la montagne d’Asmon ou Asamon, en Galilée, dont ils étaient sans doute originaires[3].

Ainsi Antiochis l’Epiphane était vaincu ; quand il mourut, les Syriens firent un nouvel effort : ils assiégèrent Jérusalem et l’affamèrent. Les divisions intestines de la Syrie vinrent en aide à Israël ; occupés ailleurs, les ennemis levèrent le siège, mais ils

  1. Les Nations, en latin, c’était gentes, les partisans des Nations gentiles, d’où, en français, les Gentils.
  2. Il y a deux livres des Maccabées, mais qui ne se font pas suite et sont indépendans l’un de l’autre. Le Premier Livre seul a un caractère vraiment historique.
  3. Josèphe, Antiquités, 12-6-1 et 14-16-4, et Guerre des Juifs, 2-18-11.