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habitans. D’un bout à l’autre de l’empire vous rencontrez toujours les mêmes Chinois ; le type est uniforme, il se conserve sur le sol natal, et il se retrouve presque inaltéré dans les colonies étrangères, à Singapore, à Java, aux Philippines, etc., où les nombreux émigrans de la Chine portent leur industrie et leurs bras.

Cependant, à l’intérieur de l’empire comme au dehors, le Chinois se désigne par le nom de la province où il est né. Il est du Kwang-tong, du Fo-kien, du Sse-tehouan, du Pe-tchili, etc., et il tient à ce que l’on ne se méprenne pas sur son véritable, pays, d’origine. Quant aux natifs de Pékin, ils se considèrent comme étant de qualité supérieure, ils se vantent d’appartenir à la première ville de l’empire, ils se parent de leur capitale, de même que les Parisiens ont l’orgueil de Paris. Pékin est, en effet, la ville sainte, le siège du gouvernement et la résidence de l’empereur. Sa population atteint à peine un million d’âmes, ce qui est peu pour une cité chinoise ; elle se répartit entre plusieurs villes distinctes, la ville chinoise, la ville tartare, la ville jaune et, au centre, le palais impérial, enceinte très vaste, réservée à l’empereur, aux impératrices, aux femmes et à plusieurs milliers d’eunuques. Aucun profane n’y pénètre, tous les accès sont strictement formés et, gardés. Le Tour du monde a eu l’heureuse fortune de compter parmi ses collaborateurs un interprète de la légation de France, qui, dans une intéressante description de Pékin et du nord de la Chine, publiée en 1873, a levé pour nous un coin du voile qui dérobe aux Chinois comme aux Européens la vue du palais et de ses hôtes plus ou moins sacrés. A la date où écrivait M. Deveria, il y avait, déjà quinze ans que les traités avaient établi des relations directes officielles entre les gouvernemens étrangers et la cour de Chine, et que les principales puissances entretenaient des légations à Pékin. Pendant cette période, treize membres seulement du corps diplomatique avaient été admis à l’honneur de présenter leurs hommages à l’empereur dans des audiences de quelques minutes. Ainsi l’Europe avait fait la guerre à la Chine pour forcer l’entrée de Pékin et pour obtenir que ses diplomates pussent Voir l’empereur face à face ; elle y avait dépensé beaucoup d’argent et elle avait tué bon nombre de Chinois et de Tartares ; elle avait enfin triomphé et illuminé. Et tout cela, pour que, dans l’espace de quinze ans, l’empereur de Chine ait bien voulu, suivant le calcul, statistique de M. Deveria, consacrer cinquante minutes environ de son temps précieux à la réception de MM. les ambassadeurs.

Nous avons le procès-verbal de la première de ces audiences, octroyée le 29 juin 1873 par le jeune empereur Tong-tché, mort en 1875 (il manque aux empereurs chinois d’être immortels), aux