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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Le mouvement de hausse si obstinément et si brillamment poursuivi depuis le commencement de l’année, à travers des catastrophes financières qui ont accumulé d’irréparables ruines, est arrivé à son apogée au milieu de ce mois, puis s’est arrêté de lui-même, épuisé par son exagération même. L’arrêt a coïncidé avec l’annonce du grand emprunt de 1,250 millions de francs terminant la série des conversions des anciens emprunts 5 0/0 de la Russie. On supposait que le syndicat puissant qui s’était chargé de cette opération et qui voudrait lui assurer un succès égal à celui de l’emprunt précédent du 29 mars dernier soutiendrait les cours des fonds d’états, si même il ne les poussait encore à un niveau plus élevé, à la faveur de la tranquillité générale, de l’extrême abondance de l’argent et de l’impression produite par l’éclat de notre Exposition.

Il n’en a rien été. Sans abandonner absolument le marché à lui-même et aux efforts des vendeurs, la haute banque n’a pas tenté de maintenir toute la hausse effectuée. Après quelques jours pendant lesquels les prix ont été stationnaires, avec un ralentissement très marqué des transactions, le recul a commencé presque simultanément sur toutes les places et pour tous les fonds d’états. D’abord très lent, procédant par une succession d’affaissemens légers et de retours soudains vers les cours de la veille, le mouvement rétrograde a été précipité dans les derniers jours du mois par la nouvelle, promptement démentie, mais qui avait été vraie pendant vingt-quatre heures, du passage à Strasbourg du roi Humbert, retournant de Berlin à Rome.

Le 3 pour 100 français avait atteint 87.95 à la fin de la première quinzaine. Il reste à 86.70 à la veille de la réponse mensuelle des primes.

Le 3 pour 100 amortissable a fléchi de 89.85 à 88.85, le 4 1/2 de 105.90 à 104.52.

Nos trois rentes ont ainsi perdu plus d’une unité dans ces deux semaines.

L’Italien a été ramené de 98.10 à 97.07, l’Extérieure de 76.90 à 75.75.

La baisse a été plus forte encore pour le Hongrois qui perd 2 francs à 87.40 et pour le Russe 4 pour 100 1880, qui de 97 francs, la veille du détachement d’un coupon semestriel de 2 francs, a été précipité par de nombreuses réalisations jusqu’à 91.80.