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pour concevoir son Jeune Pêcheur ; cependant ces figures sont de bonnes sculptures. MM. Hugoulin et Allouard ont dû prendre un peu plus de peine, l’un pour bien enlacer, dans son Idylle interrompue, ses deux amoureux assis sur un banc et qu’effraie l’apparition d’un gros lézard ; l’autre pour grouper, d’une façon vive et amusante, dans son Satyriana, ces deux Satyreaux et ce jeune Faune qui se taquinent, mais leurs inventions ne sortent pas du domaine de la poésie sculpturale. Nous aurons l’occasion de revenir sur tous ces ouvrages lorsqu’ils reparaîtront, aux Salons prochains, sous leurs formes définitives. La coïncidence de l’Exposition universelle qui a fait grossir, au Palais de l’Industrie, le nombre des bustes en toute matière, n’a pas eu, on peut bien se l’imaginer, une influence heureuse sur leur qualité. Si l’on en excepte une vingtaine, parmi lesquels il faut citer celui de M. Bonnat par M. Paul Dubois, celui de M. André Theuriet par M. Dalou, celui de M. Bouveault et d’une Berrichonne par M. Baffier, ceux qui portent les signatures de MM. Barrias, Delaplanche, Boucher, Verlet, etc., le reste est d’une vulgarité douloureuse et accablante. Peut-être, en cette matière, une résurrection du Salon de 1789 n’aurait-elle pas moins été instructive que pour les peintres ; car, après cette promenade lamentable devant tant de têtes sottes et prétentieuses, nous eussions certainement éprouvé quelque plaisir à regarder les bustes de Lemoyne et d’Hubert Robert, par Pajou, ceux de Marivaux et de Du Belloy par Caffieri, ceux de Buffon, J.-J. Rousseau, Diderot, par Houdon, qui, à ce seul Salon, en exposait une dizaine.


GEORGE LAFENESTRE.