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affaissement, si digne et si tendre, de tout son corps, qu’on se sent gagné par l’émotion. C’est une improvisation puissante et noble qui deviendra de la sculpture magistrale et vivante.

La Chasse par M. Barrias est destinée, comme sa Musique de l’an dernier, à l’Hôtel de ville de Paris. C’est une femme de la Renaissance, en vêtemens courts, les jambes nues, l’épaule découverte, une Diane française, moins allongée et plus robuste que les Dianes de Fontainebleau, avec la même élégance de coiffure, des airs moins aristocratiques, une certaine grâce bon enfant. Chasseresse de banlieue, sans férocité, qui se trouve heureuse d’avoir transpercé de ses tiédies deux oisillons et un lapin. L’exécution a toujours les mêmes qualités de franchise et d’aisance. La Musique de M. Falguière, nue jusqu’à la ceinture, sous une niche cintrée, n’appartient pas au monde officiel ; le visage, court et plat, est nettement plébéien. Ce serait une chanteuse des rues, si nos rues étaient suffisamment ensoleillées pour expliquer cette toilette sommaire : mettons que ce soit une bohème d’Athènes ou de Smyrne. Dès que M. Falguière touche le marbre, il devient grec et métamorphose les faubouriennes qui passent. Le torse souple et délicat de cette fille, ses mains vives et nerveuses qui tiennent la mandoline et en pincent les cordes, sont des morceaux d’un singulier prix. Pourquoi M. Falguière, si maître de lui, se laisse-t-il aller, çà et là, à des complaisances bien inutiles pour des effets pittoresques et des effets de pratique dont ne peuvent être guère louches les amateurs sérieux de sculpture ? Est-ce bien à lui d’estomper systématiquement les modelés délicats d’un visage auquel sa main ferme aurait naturellement donné toute leur précision ? Est-ce bien à lui de jeter, sur la hanche de cette jeune fille, sans raison plausible, un paquet de draperies pointillées et martelées en trompe-l’œil ? Venant d’un tel sculpteur, ces faiblesses, qu’on ne remarquerait pas chez un autre, sont d’un fâcheux exemple pour une école qui, jusqu’à présent, dans son ensemble, avait si bien résisté aux détestables entraînemens des pratiques italiennes.

On ne saurait se dissimuler qu’il y a, sur ce point, certains symptômes inquiétans parmi les jeunes tailleurs de marbre. Il serait absurde qu’au moment où les peintres négligent volontiers leur métier de peintres, sans d’ailleurs emprunter aux sculpteurs aucune de leurs qualités, les sculpteurs, sous prétexte de les imiter, compromissent le fond même de leur art. Une sculpture qui ne parle pas d’abord aux yeux par l’équilibre de la masse, par la pondération des lignes, par l’expression des contours, ne mérite pas son nom. Toutes les habiletés, tous les raffinemens, toutes les surprises de la pratique n’y feront rien ; jamais le bon sens du peuple, pas plus