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DU
DANUBE A L’ADRIATIQUE

II.[1]
LES RACES.


I.

Pour connaître les hommes dans la péninsule, il faut d’abord se défaire d’une collection de préjugés.

Il y a des modes, en politique, aussi bien que pour la coupe des vêtemens. Seulement, jadis, l’Europe portait ses modes tout près d’un siècle ; maintenant, elle en change à peu près tous les vingt ou trente ans. Son inconstance éclate dans la manière de traiter les affaires orientales. À l’égard de ces populations, elle a passé par toutes les phases de la curiosité, de l’intérêt, de l’enthousiasme et même de l’indifférence. Au début du XVIIIe siècle, à l’époque joyeuse de la Régence, l’Europe était curieuse, mais point sentimentale. Elle ne versait pas la moindre larme sur le sort des raïas et ne s’intéressait qu’aux détails de mœurs. Lisez les lettres de la spirituelle lady Montagne, qui, vers 1717, traversa le pays où nous sommes pour aller représenter la reine Anne à Constantinople : elle apprit

  1. Voyez la Revue du 1er mai.