On peut, en effet, adresser au système adopté pour les constructions scolaires les reproches formulés contre le mode adopté pour subventionner la vicinalité rurale. Ce jeu d’avances faites à découvert et remboursées par des annuités réparties sur une longue période, ces participations de l’État à des engagemens où il n’intervient que comme partie payante, constituent un petit budget à part au sein du grand budget et aboutissent à une comptabilité occulte. Il faut chercher dans cinq comptes différens la trace des opérations faites pour les constructions scolaires, et comme ni les avances faites par la dette flottante ni les remboursemens effectués par les départemens ou les communes ne figurent au budget, le parlement ne sait où se prendre pour exercer le contrôle qui lui appartient. Les dépenses étaient-elles utiles ? Ont-elles été bien faites ? L’argent n’a-t-il pas été gaspillé ? Nul ne le sait : nul ne le peut dire. Le parlement ne connaît que le chiffre inscrit en bloc au budget, et la Cour des comptes ne connaîtra pas autre chose. Autre point non moins important. La loi de finance limite la somme pour laquelle le ministre peut s’engager vis-à-vis des départemens ou des communes ; mais qui garantit qu’il respectera cette limite ? Ne peut-il anticiper sur le crédit de l’année qui vient et même d’une seconde année ? et lorsque, sur la parole de l’administration, des emprunts auront été contractés avec le Crédit foncier, il faudra bien que l’État s’exécute sans qu’aucun recours, autre qu’un blâme rétrospectif, puisse être exercé contre le ministre délinquant qui aura déjà eu un et peut-être plusieurs successeurs. Les communes les plus diligentes ou les mieux protégées commenceront par prendre la part la plus large possible du gâteau, et, comme ni la justice ni la politique ne permettront d’opposer aux retardataires une fin de non-recevoir inexorable, on peut prévoir que le maximum de 17 millions sera rapidement atteint, et qu’il sera dépassé. Ici encore chaque année à venir amènera un surcroît de charges pour le budget. À côté des dépenses pour les constructions scolaires, il convient de placer les encouragemens aux trois ordres d’enseignement. Il y est pourvu par le vote d’annuités destinées à gager de petits emprunts dont le produit est réparti entre les facultés, les lycées et les écoles primaires supérieures. L’annuité allouée pour 1889 correspond, d’après les calculs de l’administration, à un capital de 15 millions, à distribuer par le ministre.
Le traitement du personnel de l’instruction primaire soulève des questions bien autrement graves. L’ardeur fiévreuse que le parti aujourd’hui au pouvoir a apportée dans la guerre qu’il a déclarée à tout enseignement religieux, la précipitation qu’il a mise à multiplier ses coups, les atteintes qu’il a fait subir aux droits des communes