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par conséquent, ce personnage à lui tout seul continue de soutenir la comédie entière, au premier rang du théâtre de M. Emile Augier, c’est ce que je crois, et c’est ce qu’il me paraît que la « reprise » en aura prouvé.

Ce sont d’autres qualités que nous avons applaudies dans le « premier ouvrage dramatique » de M. Jules Lemaître, Révoltée, comédie en quatre actes, représentée le 9 avril sur la scène de l’Odéon. Faisons d’abord la place de la critique, et disons qu’il est dommage que, tout au rebours de Mensonges, ce soit le dernier acte de la comédie de M. Lemaître qui n’en vaille pas les premiers. C’est un gros défaut; parce que, quand le dénoûment ne nous satisfait point, le plaisir du théâtre manque de ce que j’appellerais volontiers sa sanction ; et, s’il est vrai que dans la vie les choses ne finissent point, l’art n’a peut-être été inventé que pour apprendre à la vie qu’elle est impertinente en cela. L’inexpérience est d’ailleurs visible en plusieurs endroits de la pièce; mais je n’insiste pas, parce qu’il n’est pas absolument vrai, comme on le va répétant, qu’un auteur dramatique, pour être digne de ce nom, doive d’abord donner sa mesure; qu’il apporte en naissant, non-seulement le don, mais aussi le métier; et puis, parce que, si la facture de quelques scènes est encore hésitante, il reste assez, dans trois actes au moins, de quoi justifier le succès de Révoltée, et nous assurer qu’après cette première épreuve, M. Lemaître passera, quand il le voudra, les promesses de son début.

La tâche, on le sait, lui était particulièrement difficile, depuis déjà plusieurs années que, dans son feuilleton du Journal des Débats, il fait profession de juger le théâtre contemporain, et naturellement d’y trouver plus souvent à critiquer qu’à louer. Mais c’est aussi ce qui rendait la tentative plus intéressante, et c’est ce qui en rend à nos yeux le succès plus significatif. Non pas du tout qu’il nous importe, comme l’on dit, qu’un critique se soit montré capable « d’en faire autant» qu’un auteur dramatique. Si M. Lemaître avait échoué, j’ai beau chercher, je ne vois pas en quoi la Grande Marnière ou le Crocodile en vaudraient mieux, et parce qu’il a fait maintenant Révoltée, ses jugemens sur Mensonges ou sur Maître Guérin n’en valent pas moins, mais n’en valent pas plus. Mais ce qu’il faut dire, c’est que la plupart des reproches qu’il a souvent adressés aux auteurs dramatiques contemporains, non-seulement l’auteur de Révoltée a eu l’habileté de ne les pas encourir, mais encore il a montré, par son exemple, que des règles trop aisément admises depuis Scribe, des règles hors desquelles on ne voyait pas de pièce « bien faite, » n’en étaient point: — Et, de les avoir triomphalement violées, comme ce n’est pas le moindre mérite de Révoltée, ce ne sera pas non plus le moindre service que M. Lemaître ait rendu.

Nous avait-on, par exemple, assez dit — Et en combien de manières !