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mettre leur vie en danger, ou la détruire sans retour. Tandis que ces derniers (l’homme compris) ne sauraient vivre une fois que leur température interne s’est élevée au-dessus de 45 degrés (50 degrés chez les oiseaux) ou abaissée au-dessous de 20 degrés environ, les organismes hétérothermes peuvent varier de température dans des limites bien autrement considérables. L’énumération de celles-ci n’aurait pas grand intérêt ; il nous suffira de faire remarquer que la température des animaux hétérothermes de nos contrées oscille, selon les circonstances, entre 0 et 35 ou 40 degrés. Ce qui devra nous arrêter, c’est l’étude sommaire de l’influence des différences de température sur les fonctions de ces animaux. Il s’agit ici, cela va sans dire, des températures non mortelles, qui demeurent compatibles avec la vie de ces êtres ; nous verrons ensuite comment agissent les températures extrêmes.

C’est un fait bien avéré, grâce à des expériences encore peu nombreuses, mais dont la précision ne laisse rien à désirer, qu’il existe, pour chaque être vivant, une somme de chaleur qui lui est absolument indispensable pour que son développement soit le plus complet possible, et qu’il ne parvient point à atteindre celui-ci, tant que cette quantité ne lui a pas été fournie. Sur ce point, l’on possède depuis quelques années déjà, grâce aux beaux travaux de Boussingault, des données des plus intéressantes à l’égard des plantes. Étant donné un végétal quelconque, l’on sait que le temps qui s’écoule entre le début de sa végétation et sa maturité complète est d’autant plus court que la température à laquelle il végète est plus élevée, et d’autant plus long que celle-ci est plus basse, exclusion faite, bien entendu, des conditions thermiques mortelles ou simplement dangereuses. Autrement dit, étant donnée une plante qui vit entre 15 et 30 degrés, et dont l’optimum thermique est 25 degrés, son développement sera plus lent dans un milieu où la température constante est de 15 degrés que dans un milieu où la température sera de 20 ou 25 degrés, et le retard est proportionnel à la différence thermique. Il semble que la plante considérée, sous quelque latitude ou quelque climat qu’elle croisse, exige pour se développer une quantité identique de chaleur. Il est aisé de prouver que cette hypothèse est exacte et conforme à la réalité. Voici comment l’on s’y prend. À partir du jour où la graine a germé, jusqu’au moment où la plante a atteint sa maturité, l’on prend la moyenne de la température pour chaque cycle de vingt-quatre heures. L’on fait ensuite la moyenne de ces moyennes pour toute la période qui s’est écoulée entre les deux momens ci-dessus indiqués, et cette moyenne, on la multiplie par le nombre de joins écoulés. Supposons qu’il s’agisse d’une plante ayant mis quatre-vingt-dix