doive redouter de trop mériter le renom d’impartialité, l’esprit de parti est moins exclusif dans la chambre que dans le pays. Les comités sont composés à dessein de républicains et de démocrates ; la minorité d’opposition y obtient toujours une place honorable.
Naturellement, les lois d’intérêt électoral ne se comptent plus. Mais, réserve faite des époques troublées, où l’esclavage jetait un brandon de discorde dans le parlement comme dans la nation, trouverait-on à signaler des lois d’hostilité systématique, édictées contre une catégorie de citoyens à seule fin d’en flatter d’autres ? Les faveurs et les privilèges sont prodigues aux banques, aux corporations puissantes, aux grandes compagnies, d’après des motifs divers et des tarifs variables. Les députés ne se montrent guère ménagers des deniers publics quand vient le moment de battre le rappel des électeurs. Encore s’abstiennent-ils habituellement de voter des mesures inutiles ou mauvaises en vue du simple plaisir d’inquiéter certaines classes dans leurs croyances respectables ou leurs biens, sans profit d’ailleurs pour personne. Il y a des formes de conservatisme moins négatives et plus élevées. La démocratie américaine est conservatrice à sa façon.
Elle cesse absolument de l’être, lorsque ses délégués se refusent à tenir les engagemens financiers contractés en son nom. Plusieurs états particuliers, par l’organe des législatures locales, ont répudié leur dette. Cet euphémisme, déguisant la faillite, était-il un hommage indirect à la probité du congrès fédéral, qui au contraire a toujours payé loyalement la dette de l’Union ? Les esprits minutieux ne manqueront pas d’observer que l’abondance des recèdes de la douane rendait au gouvernement central la vertu facile. L’emploi du surplus de ses ressources n’est-il pus aujourd’hui son principal embarras ? Mieux vaut constater les contradictions du bien et du mal, sans trop chercher à en pénétrer la raison secrète. Les délégués directs du suffrage universel auraient-ils deux morales, selon les milieux, l’une, locale et secondaire, à l’usage des états particuliers, l’autre fédérale, plus décorative, plus soigneuse de la bonne renommée du pays et du crédit national à l’étranger ?
D’autre part, s’il est vrai qu’un peuple donne la mesure de sa sagesse par le degré de conservatisme où se maintiennent les partis d’opposition, la démocratie américaine peut revendiquer le titre de sage. L’opposition la plus ardente garde presque toujours le sentiment profond de sa responsabilité dans ses attaques contre le gouvernement. Faut-il rappeler la résignation patriotique avec laquelle les démocrates sudistes subirent sans révolte l’élection notoirement frauduleuse de M. Haves, candidat des républicains ? Lorsque, quelques mois après, éclatèrent les grèves socialistes de Pitlsburg, de