Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 92.djvu/73

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
UN
ROI DE L’INDE
AU IIIe SIECLE AVANT NOTRE ÈRE

AÇOKA ET LE BOUDDHISME.

L’Inde passe pour n’avoir pas de chronologie, pas d’histoire; cette réputation n’est pas tout à fait imméritée. A défaut d’historiens et de chroniques, — qu’elle n’a guère, — elle possède des monumens. Par malheur, les monumens sont moins accessibles que les livres. L’étude de l’Inde remonte à quelque cent ans; il y en a cinquante à peine qu’a commencé l’exploration archéologique, épigraphique. C’est d’hier que l’effort des travailleurs se porte avec une sorte de prédilection sur ces témoins du passé, dont le silence ou les confusions de la littérature doublent le prix.

Dans les premiers temps, l’enthousiasme de la découverte, la surprise de la nouveauté, avaient fait exagérer singulièrement l’antiquité des traditions et des livres qui passaient pour nous révéler les mystères de « l’antique sagesse des Indous. » Ainsi le voulait le tempérament romantique des premiers explorateurs; telle était la tournure d’esprit du moment, que l’on n’aimait à s’approcher qu’avec un frisson religieux de ces choses lointaines de l’Orient: on transportait dans le temps la perspective de la distance. Ne