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territoire des États au moment de la signature du traité : ils continuent de jouir des droits de la nation la plus favorisée. Ce traité fut promulgué le 5 octobre 1881.

Le gouvernement américain s’abstint tout d’abord d’user des droits que lui conférait le traité : les Chinois en profitèrent pour arriver en masse. Une loi intervint le 6 mai 1882, suspendant l’introduction des travailleurs chinois. L’immigration de la race jaune est tombée immédiatement à un taux extrêmement bas : 381 en 1883 : 84 en 1884 ; 57 en 1885 ; 8 en 1886 ; 28 en 1887. Le chiffre des départs croissait en raison inverse, variant de 10,000 à 17,000 par an.

Il semble que le gouvernement de Washington ne se soit pas cru suffisamment à l’abri d’un retour offensif, puisqu’il nouait des négociations en vue d’aboutir à la prohibition absolue de l’immigration. Le 12 mars 1888, M. Bayard, secrétaire d’état aux affaires étrangères, signait à Washington avec le ministre de Chine un traité qui, légèrement modifié par le sénat, contient les dispositions suivantes : après un préambule où il est déclaré que le gouvernement chinois, en raison de l’antagonisme et des sérieux et déplorables désordres auxquels la présence des Chinois a donné lieu dans certaines parties des États-Unis, désire prohiber toute immigration, et que les deux gouvernemens s’accordent à unir leurs efforts pour atteindre ce but, il est convenu que : 1o l’introduction des travailleurs chinois aux États-Unis est prohibée pour vingt ans ; 2o cette prohibition ne s’applique pas au travailleur ayant une femme légitime. un enfant ou ses parens (père ou mère) aux États-Unis, ou y possédant des biens de la valeur de 1.000 dollars, ou des créances d’une valeur égale ; 3o le traité n’atteint pas les fonctionnaires, professeurs, commerçans, voyageurs, étudians ; 4o les travailleurs danois résidant au montent de la signature du traité sur le territoire de l’Union, et les sujets chinois qui peuvent venir visiter ce pays dorénavant, ont droit au traitement de la nation la plus favorisée, sans pouvoir cependant réclamer la naturalisation ; 5o le gouvernement chinois ayant réclamé une indemnité pour ceux de ses sujets qui ont été aux États-Unis « victimes de mauvais traitemens dans leur personne et leurs biens de la part d’hommes sans foi ni loi[1], » le gouvernement de l’Union, refusant toutefois de se reconnaître légalement obligé, mais prenant par humanité ces torts en considération, consent à payer avant le 1er mars 1889, entre les mains du ministre chinois, comme pleine et entière indemnité, la somme de 270,019 dollars 75 : 6o le traité restera en vigueur durant vingt ans, et si aucune des parties contractantes ne le dénonce six mois avant son

  1. Wicked and lawless.