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aux applications courantes comme celui qui consiste dans la comparaison des disques, venus sur un même cliché. C’est donc ce dernier que l’on cherche à perfectionner ; car il ne laisse pas d’avoir ses difficultés lorsqu’il s’agit d’étoiles de plus en plus faibles. Les images ont alors, en naissant, des dimensions déjà très appréciables qui n’augmentent que très peu dans les premiers momens ; la comparaison des diamètres peut conduire à des résultats erronés, si elle est faite trop tôt. L’accroissement progressif des disques a pour cause l’irradiation qui résulte de l’illumination intérieure de la gélatine translucide, à l’endroit où se forme l’image.


III

Les mesures d’étoiles doubles sont sujettes à une foule d’erreurs qui tiennent à la différence de grandeur des composantes, à l’inclinaison de la ligne des étoiles, etc., et qui rendent les résultats obtenus par divers observateurs difficilement comparables. On rencontre des difficultés de même nature dans les mesures micrométriques des satellites ; et c’est dans tous ces cas que l’intervention de la photographie promet d’accroître beaucoup l’exactitude et la sûreté des résultats. Les clichés obtenus par MM. Henry permettent de faire des pointés d’une extraordinaire précision. La plaque sensible n’est pas, comme l’œil, éblouie par te voisinage d’un astre brillant, elle reste attentive aux plus faibles lueurs. Le satellite de Neptune, toujours difficilement visible à Paris, a pu être photographié dans toutes les parties de son orbite, même lorsqu’il se trouvait à 8e seulement de la planète.

Des satellites encore inconnus, des planètes nouvelles, révéleront leur existence par la trace de leur marche au milieu des étoiles fixes. Le déplacement apparent d’une petite planète, vers l’époque d’une opposition, c’est-à-dire au moment où elle s’approche le plus de la terre, est en moyenne d’une minute d’arc en 2 heures, ou de 0’,5 par heure ; sur les clichés de l’Observatoire de Paris, il produirait, en une heure de pose, une trace d’un demi-millimètre. Pour la planète Pallas, qui est de 8e grandeur, on a trouvé cette trace facilement reconnaissable ; mais MM. Henry pensent qu’elle serait encore appréciable pour une planète de 14e ou de 1ôe grandeur, d’un éclat relatif 400 ou 500 fois plus faible.

Le nombre des astéroïdes connus s’accroît, chaque année, de plusieurs mutés ; il atteint déjà 283. Grâce à l’intervention de la photographie, la recherche, jusqu’à présent assez pénible, de ces petits astres deviendra si facile que nous les verrons se multiplier trop vite au gré des calculateurs, et qu’on ne trouvera plus le temps de leur choisir des noms. Malgré l’insignifiance de leurs