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que probablement il faudra le porter à 250,000 francs. La dépense totale s’élèverait ainsi à un peu plus de 6 millions. C’est la somme qui paraît nécessaire pour assurer la publication du catalogue de toutes les étoiles jusqu’à la 11e grandeur, et celle des reproductions photographiques de tous les astres jusqu’à la 14e grandeur, en dehors du prix des lunettes, du traitement des astronomes, etc., dépenses que nous avons déjà évaluées en bloc à 1 million et demi. Il y aurait lieu d’en défalquer le produit de la vente des copies de la carte, qui rapportera, d’après M. Gill, environ 1 million de francs en vingt-cinq ans, c’est-à-dire de quoi payer les lunettes.

La somme de 6 ou 7 millions, à laquelle on arrive ainsi en définitive, est-elle exorbitante, si nous tenons compte de l’importance des résultats qu’il s’agit d’obtenir ? Elle paraît, au contraire, peu de chose au prix de ce qu’il faudrait dépenser pour arriver aux mêmes résultats par les anciens procédés. Dans l’état actuel de l’astronomie, la formation d’un catalogue comprenant toutes les étoiles jusqu’à la 11e grandeur (qui est la limite pratique des étoiles de comparaison dans les observations courantes, avec les instrumens ordinaires des observatoires) peut être considérée comme une nécessité absolue. Or on sait par expérience, dit M. Gill, que le prix d’une seule observation méridienne exacte d’une étoile (en y comprenant le prix de réduction et de publication) n’est jamais inférieur à 10 francs et dépasse souvent ce chiffre. Le catalogue mie l’on se propose de former à l’aide de la photographie comprendra près de 2 millions d’étoiles, dont chacune aura été déterminée deux fois de suite. Pour obtenir le même nombre de positions indépendantes par des observations méridiennes, — en supposant (pion trouve des instrumens méridiens assez puissans pour les fournir, — il faudrait évidemment dépenser environ 50 millions. C’est huit fois plus que le prix du catalogue photographique et de la carte générale du ciel. Quant à la précision des positions photographiques, elle sera supérieure à celle des observations directes. Il suffit, à cet égard, de citer les remarquables résultats que M. Thiele, directeur de l’observatoire de Copenhague, a obtenus par des mesures micrométriques exécutées sur trois épreuves d’un amas d’étoiles, qui lui avaient été communiquées par MM. Henry.

Il faut dire ici quelques mots de l’apparence que présentent les images photographiques des étoiles. Ces images, sur les clichés, ont la forme de petits disques noirs, d’un diamètre à peu près proportionnel à la grandeur stellaire, telle qu’elle est figurée sur les cartes célestes ; leurs dimensions augmentent peu à peu à mesure qu’on prolonge la pose, ce qui, soit dit en passant, est un obstacle assez sérieux aux recherches photométriques, car les expériences de