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LA RECONSTRUCTION
DE
LA FRANCE EN 1800

DEUXIEME PARTIE[1].

L’autre groupe, bien antérieur à 1789, comprend les besoins qui survivent à la Révolution, parce que la Révolution ne les a pas satisfaits, et d’abord le plus vivace, le plus profond, le plus invétéré, le plus frustré de tous, je veux dire le besoin de justice distributive. — Dans la société politique, comme en toute autre société, il y a des charges et des bénéfices à répartir, et, quand la répartition est équitable, elle se fait d’après une règle évidente d’elle-même et très simple : il faut que, pour chacun, les charges soient proportionnées aux bénéfices, et les bénéfices aux charges, en sorte que, pour chacun, la dépense finale et la recette finale soient exactement compensées l’une par l’autre, et que la quote-part, plus ou moins grande ou petite dans les frais, soit toujours égale à la quote-part, plus ou moins grande ou petite, dans le profit. Or en France, depuis plusieurs siècles, cette proportion manquait ; même elle avait fait place à la proportion inverse. Vers

  1. Voyez la Revue du 15 mars.