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REVUE MUSICALE

Théâtre de l’Opéra-Comique : la Cigale madrilène, opéra comique en 2 actes, paroles de M. Léon Bernoux, musique de M. Joanni Perronnet. — Les Concerts : Symphonie de M. César Franck ; le Wallenstein de M. d’Indy. — M. Bouhy ; Mme Materna ; M. Paderewski.

À propos de la Cigale madrilène, nous pourrions parler de Carmen ; mais nous avons déjà parlé du Pré aux clercs à propos de l’Escadron volant de la reine, et l’on ne peut toujours se dérober à son devoir. Au surplus, ce ne sera pas long. Pauvre Cigale ! Elle ne chantera pas tout l’été.

M. Perronnet, le compositeur de cette éphémère opérette, n’est pas plus un ancien ministre du roi Charles X, que le prince de Polignac, un autre musicien, à nom historique aussi. À peine M. Perronnet a-t-il dû voir les dernières années de l’empire. C’est un jeune, un tout jeune homme ; comme on dit dans Armide, « il est à l’âge heureux où sans effort on aime ; » où l’on aime les chansons espagnoles, boléros et séguedilles, où l’on croit à l’Espagne de M. Scribe, toute vibrante de castagnettes, de tambours de basque et de mandolines, toute peuplée de muletiers, de Bohémiens qui recueillent les enfans clandestins des grandes dames adultères, et de zingaras aussi jolies que Mlle Degrandi. La moindre mélodie à trois temps, un peu vive, quelques cris de Olle ! Olle ! des doigts mignons qui claquent en cadence, nous en fallait-il davantage à vingt ans pour imaginer l’Andalousie ?