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1833, les hospices et hôpitaux, avec leurs 51 millions de revenu, pourront entretenir 154,000 vieillards et malades[1]. — Comme la bienfaisance publique, l’enseignement public redevient efficace; dès 1806[2], Fourcroy compte 29 lycées installés et peuplés; en outre, 370 écoles secondaires communales, et 377 écoles secondaires privées sont ouvertes et reçoivent 50,200 élèves; il y a 25,000 enfans dans les 4,500 écoles primaires. Enfin, en 1815[3], dans la France ramenée à ses anciennes limites, on trouve 12 facultés de médecine ou de droit, avec 6,329 étudians, 36 lycées avec 9,000 élèves, 368 collèges avec 28,000 élèves, 41 petits séminaires avec 5,233 élèves, 1,255 pensionnats et institutions privées avec 39,623 élèves, 22,348 écoles primaires avec 737,369 écoliers ; autant qu’on en peut juger, la proportion des hommes et des femmes qui savent lire et signer leur nom s’est relevée sous l’empire jusqu’au chiffre et même au-delà du chiffre[4], qu’elle atteignait avant 1789. — Ainsi les plus grands dégâts sont réparés : avec un mécanisme différent, les trois nouvelles machines font le service des anciennes et, au bout de vingt-cinq ans, donnent un rendement presque égal. — En somme, dans la grande maison saccagée par la révolution, le propriétaire nouveau a rétabli les trois appareils indispensables de chauffage, de ventilation et d’éclairage; comme il entend bien ses intérêts et qu’il est mal fourni d’argent comptant, il n’a contribué aux frais que pour un minimum; quant au reste, il a groupé ses locataires en syndicats, par chambrées, par appartemens, et il a mis à leur charge, volontaire ou involontaire, le principal de la dépense; cependant, il a gardé dans son cabinet, sous sa main et pour lui seul, les trois clés des trois appareils; c’est lui qui, désormais, dans toute la maison, à chaque étage et logement, distribue à son gré la lumière, l’air et la chaleur; il en distribue, sinon la même quantité qu’autrefois, du moins le nécessaire ; enfin, les locataires peuvent respirer à l’aise, voir clair, ne plus grelotter; après dix ans de suffocation, d’obscurité et de froid, ils sont trop contens pour chicaner le propriétaire, discuter ses procédés, contester le monopole par lequel il s’est fait l’arbitre de

  1. D’après les relevés de M. de Watteville et de M. de Gasparin.
  2. Rapport de Fourcroy, annexé à l’exposé de la situation de l’empire, et présenté au Corps législatif le 5 mars 1806.
  3. Coup d’œil général sur l’éducation et l’instruction publique en France, par Basset, censeur des études au collège Charlemagne (1816). — p. 21.
  4. Statistique de l’enseignement primaire, II, CCIV. (De 1786 à 1789, 47 époux sur 100 et 26 épouses sur 100 ont signé leur acte de mariage. De 1816 à 1820, c’est 54 époux et 34 épouses.) — Morris Birbeck, Notes on a journey through France in July. August and September 1814, p. 3 (London, 1815). « On me dit que tous les enfans des classes laborieuses (labouring classes) apprennent à lire, et en général reçoivent de leurs parens l’instruction. »