La vie de Lamennais se partage en deux parties bien tranchées. Dans la première, il s’appelle l’abbé de Lamennais ; il est l’apologiste passionné de la religion, et le défenseur déclaré de l’autorité pontificale au spirituel et au temporel ; il fait cause commune avec les royalistes et même avec les ultra ; il collabore avec M. de Chateaubriand et M. de Bonald au Conservateur ; il est l’allié de Joseph de Maistre dans sa tentative de restauration ultramontaine. Dans la seconde, il ne s’appelle plus que F. Lamennais tout court ; il passe au service de la démocratie, il arbore le drapeau révolutionnaire, se fait pamphlétaire, combat avec les armes les plus violentes le gouvernement de Louis-Philippe, et se met à la tête du parti républicain ; en même temps, il se sépare de l’église et passe du côté de la philosophie. Mais, entre ces deux périodes, il y en a une intermédiaire qui sert de transition de l’une à l’autre ; c’est encore l’abbé de Lamennais, mais un Lamennais libéral, réconcilié
- ↑ Voyez la Revue du 1er février.