Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 92.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais non pas tous; surveillez-le et dirigez bien sa conduite. Tel individu est mis en prison et torturé. Soyez là pour mettre un terme à un emprisonnement qui ne serait pas motivé. Bien des violences se produisent dont les gens ont à souffrir. Là aussi vous devez souhaiter de mettre chacun dans la bonne voie. Mais il est des dispositions qui ne permettent pas de réussir : l’envie, le manque de persévérance, la rudesse, l’impatience, le défaut d’application, la paresse, l’indolence. Vous devez vous efforcer d’en être exempts. Le point capital est ici la persévérance et la patience dans la direction morale. L’indolent ne se met point en branle, et pourtant il faut se remuer, il faut marcher. De même dans la surveillance que vous avez à exercer. C’est pourquoi je vous répète : faites prendre mes ordres à cœur ; dites bien que telles et telles sont les instructions du roi aimé des dieux. Agir ainsi, c’est s’assurer de grands fruits ; ne pas le faire, c’est s’attirer de grands maux. Pour ceux qui négligeraient cette direction du peuple, il n’est ni faveur du ciel, ni faveur du roi... »

Sa sollicitude ne s’étend pas moins sur les populations frontières plus ou moins indépendantes de son pouvoir. A leur intention, il a créé des fonctionnaires spéciaux.

« Qu’elles se persuadent que le roi aimé des dieux entend qu’elles soient, autant qu’il est en lui, à l’abri de toute inquiétude, qu’elles aient confiance en lui, qu’elles ne reçoivent de lui que du bonheur et point de mal. Qu’elles se persuadent de ceci : le roi aimé des dieux sera pour nous plein de bienveillance. Que pour s’assurer ma bienveillance, pour répondre à mes vues, elles pratiquent la loi religieuse et s’assurent le bonheur en ce monde et dans l’autre. Pénétrez-vous de cette pensée, remplissez votre fonction, et inspirez confiance à ces gens, afin qu’ils sachent bien que le roi est pour eux comme un père, qu’il se préoccupe d’eux comme de lui-même, qu’ils sont pour lui comme ses propres enfans.»

C’est le soin de l’enseignement religieux qui lui inspire une institution curieuse, sur laquelle nous voudrions qu’il fût plus explicite. Il ordonne qu’il soit tenu dans tout son empire, tous les cinq ans, soit sous sa direction personnelle, soit sous la direction des représentans du pouvoir, des réunions qu’il appelle amousanânas, spécialement destinées aux fidèles de sa foi et à ses fonctionnaires. L’objet principal en sera de rappeler aux assistans les préceptes de la moralité religieuse. L’assistance y sera pour ses fonctionnaires un devoir aussi strict que leurs autres fonctions. Sur certains points, à Takshaçilâ, à Oujjayint, il multiplie ces assemblées, il veut qu’elles soient sans faute convoquées tous les trois ans.

Le rôle principal paraît y avoir été réservé à un ordre d’agens dont nous avons déjà rencontré le nom, les rajjoukas. Par malheur.