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Il est toujours question, pour un avenir plus ou moins rapproché, de la conversion de certains emprunts argentins, de celle des obligations privilégiées d’Egypte, et de la reprise des conversions russes et hongroises.

Une opération d’un tout autre genre, et dont la mise en train paraît être fort laborieuse, est celle qui concerne l’émission en Italie, en Allemagne, en Suisse, en Hollande et en Angleterre, de 732,700 obligations de chemins de fer italiens, qui sont de véritables valeurs d’état, malgré la dissimulation de l’étiquette. Le syndicat comprend les plus grandes maisons d’Italie et d’Allemagne, et le groupe Baring et Hambro de Londres. Ces titres ont été cédés par le gouvernement italien au syndicat au prix de 280 francs. Elles seront émises, vers la fin du mois, à 292 francs. Les séries précédentes des mêmes titres avaient été cédées au syndicat à 307 francs et émises à 317 francs. Le crédit de l’Italie est donc en forte réaction; aussi la rente italienne n’a-t-elle pris qu’une part très fugitive au mouvement général de hausse des fonds publics. Après avoir un moment atteint et dépassé 96 francs, elle a été ramenée à 95.70, sur l’impression produite par l’exposé financier de M. Perazzi et par les émeutes de Rome.

D’après le nouveau ministre du, trésor, le déficit de 1888-1889 est de 191 millions, les insuffisances des exercices précédens de 270 ; on peut évaluer à 100 millions le déficit de 1889-1890. Il est proposé de couvrir une partie de ce passif par l’aliénation de ce qui reste des fonds de la Caisse des pensions, instituée en 1881 avec un capital correspondant à 27 millions de rente 5 pour 100. Ce capital avait été déjà fort entamé; on disposerait du solde, soit 240 millions, et les pensions seraient à l’avenir payées sur les ressources générales du budget. Le ministre a annoncé en outre des économies et a présenté quelques projets d’augmentation d’impôts existans, auxquels les députés ont fait le plus froid accueil. Il est probable que la réaction sur la rente italienne eût été plus forte si les cours n’étaient vigoureusement soutenus par le syndicat italo-allemand des obligations de chemins de fer. La Gazette de l’Allemagne du Nord a ouvert la campagne en faveur de ces titres, en recommandant à ses lecteurs de souscrire pour donner une nouvelle preuve de l’amitié qui unit l’Italie à l’Allemagne.

L’amélioration du cours est importante sur les titres des banques. Le Crédit lyonnais a été porté de 642.50 à 676.25, sur la fixation à 25 francs du dividende de 1888, alors que le dividende de 1887 n’avait été que de 17 fr. 50. Le Crédit foncier a gagné 23.75 à 1,361.25, la Banque de Paris 10 francs à 895, la Banque d’escompte 11.25 à 538.75, la Société générale 8.75 à 483.75.

La Banque de France, après avoir baissé de près de 300 francs depuis la fin de décembre, est en reprise de 110 francs pour la première