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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 février.


Tout va donc par sauts et par bonds dans notre pauvre monde politique français. On flotte dans les incohérences et les contradictions, passant de la panique aux jactances. On se venge d’un mécompte de scrutin, d’une popularité importune par les procédés des gouvernemens dans l’embarras et des dominations effarées. La dernière chose dont on se préoccupe, c’est de garder un peu de sang-froid devant les incidens qui se succèdent, c’est d’opposer à des manifestations qui peuvent sans doute être menaçantes la fermeté d’une politique clairvoyante, réfléchie et sensée. Bien au contraire : loin de reconnaître virilement la vérité des faits et de sonder sans faiblesse une situation certainement épineuse, on se jette dans les divagations et les déclamations ; on se met à la recherche des expédiens et des palliatifs qui ne remédient à rien, qui ne servent qu’à déguiser la confusion des idées, le trouble des résolutions, la pauvreté de l’empirisme de parti.

Qu’est-ce donc que cette dernière élection de Paris, qui est devenue l’unique et irritante obsession des esprits, qui est l’explication de tout ce qui se fait depuis quelques jours ? Elle n’a d’autre signification et d’autre importance que celles qu’on s’est exposé à lui donner en engageant à toute outrance, sans nécessité et sans raison, une partie qu’on croyait gagner et qu’on a perdue. Par le fait, elle ne change rien, elle n’a et elle ne pouvait avoir aucun résultat immédiat. La constitution existe encore. M. le président de la république n’a pas,