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SOUVENIRS DIPLOMATIQUES

L’ENTREVUE DE STUTTGART[1].


IX. — LES COMMENTAIRES SUR L’ENTREVUE.

L’empereur Alexandre avait quitté Stuttgart le 28 septembre, pour se rencontrer le surlendemain, à Weimar, avec l’empereur François-Joseph[2]. L’entente que poursuivait sa diplomatie avec la France était cimentée, mais il n’en partait pas moins maussade. Malgré les épanchemens de la dernière heure à la villa du prince royal, il n’avait pu vaincre ses préventions contre Napoléon III. Il avait subi le charme fascinateur de son sourire lumineux ; il avait apprécié son esprit, sa bonne grâce ; mais, bien que séduit par sa cordiale aménité, il n’avait pu s’empêcher de voir en lui l’homme funeste qui avait fait perdre à la Russie sa situation

  1. Voyez la Revue des 1er et 15 août, des 1er et 15 octobre, 1er décembre 1888.
  2. L’empereur d’Autriche, en uniforme russe, arriva à Weimar le 1er octobre et en repartit le lendemain matin, à six heures. L’empereur Alexandre l’attendait au haut de l’escalier du château grand-ducal ; il portait l’uniforme des hussards autrichiens. Ils eurent une longue conversation sans témoins, et, le soir, ils assistèrent à une représentation du Tannhäuser, dirigée par Liszt. Le 4 octobre, après une excursion à Dresde, où il reçut l’électeur de Hesse, les ducs de Nassau et d’Oldenbourg, Alexandre II partit pour Potsdam et le lendemain pour Skierniewice, et de là pour Varsovie. — Cinq entrevues avaient eu lieu dans l’espace d’un mois : 1° celle de Napoléon III avec la reine Victoria, à Osborne ; 2° celle de l’empereur Napoléon avec l’empereur Alexandre et le roi de Wurtemberg à Stuttgart ; 3° l’entrevue de François-Joseph et d’Alexandre II à Weimar ; i° celle d’Alexandre II avec le roi de Saxe, l’électeur de Hesse et le duc de Nassau, à Dresde ; 5° enfin, l’entrevue de l’empereur Alexandre II avec son oncle, le roi de Prusse, à Potsdam. — L’histoire aura de la peine à récapituler et à apprécier celles de l’année 1888.