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laquelle est, m’assure-t-on, un engrais excellent, se dégagent lentement des colonnes, des terrasses et des murailles. Sur la rive gauche, dans ce que les égyptologues appellent la région de la Mort, à Deir-el-Bahari comme à Médinet-Tabou, l’intérêt n’est pas moindre. Là aussi émergent des portiques, des pylônes, des murs aux blanches parois, sur lesquelles sont peintes ou gravées les grandes actions des Ramsès.

C’est M. Bouriaut qui s’est consacré tout entier à leur étude, et l’on peut être certain qu’il sera à la hauteur de sa mission. Lorsque j’eus l’honneur de lui être présenté au Caire, il étudiait patiemment l’arabe, sachant qu’il serait récompensé de ce labeur par le plaisir de lire couramment et à bref délai quelque manuscrit poudreux de la grande époque sarrasine.

La plus imposante des pyramides de Gizeh n’a rien à nous apprendre, puisque l’on sait qu’elle était un tombeau, que l’on connaît les carrières d’où étaient extraits les grands blocs de pierre qui la formèrent, et jusqu’à la chaussée qui, du Nil au désert, servit à les transporter jusqu’à leur destination. M. Grébaut n’en a pas moins fait pratiquer des fouilles à sa base; il y a trouvé quelques précieux et larges spécimens du calcaire poli comme une glace, enduit de couleur rouge, qui servait de revêtement, du faîte jusqu’aux assises, à l’immense monument. Quels travaux gigantesques, quels soins pour conserver intact, pendant de longs siècles, ce mausolée d’un monarque d’Afrique, tombeau de géant qui ne sut même pas garder la royale petite momie qui lui fut confiée !


XVII. — CONCLUSION.

Il ne reste que bien peu de chose à dire pour compléter cette étude. Après les faits dévoilés par la commission d’enquête et les réformes qui en furent le résultat ; après les élucubrations imitées de Télémaque par lord Dufferin, les aspirations mort-nées du parti national, et beaucoup d’autres projets de réorganisation qui ne sont pas sans analogie avec la toile de Pénélope, voici ce qui s’est maintenu : au sommet, un khédive. Ce prince ne devrait être censuré, le cas échéant, que par la Sublime-Porte, mais, de fait, ses actes sont journellement contrôlés par l’agent diplomatique de la Grande-Bretagne au Caire. Aussitôt après l’altesse khédiviale, huit ministres, Égyptiens, Turcs ou Arméniens, responsables devant le souverain et pouvant, autant qu’il lui plaît, être révoqués par lui ; un conseiller financier. Anglais, le véritable ministre des finances ; trois sous-secrétaires d’état ; une assemblée de 80 membres, composée des 8 ministres, de 26 dits du conseil législatif et