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soit que le patronage sous lequel se présentait la dernière fût insuffisant, l’insuccès avait été complet. Plusieurs mois se sont écoulés depuis, et l’on augure bien de la tentative reprise par trois de nos principaux établissemens de crédit. On annonce qu’un emprunt de la province de San-Luis suivra, à peu de distance, celui de la province de Corrientes.

L’abaissement du taux de l’escompte à Londres et à Paris n’a donné aucun stimulant à la spéculation, au moins sur le marché de nos fonds nationaux. Le 3 pour 100 avait été, pendant la seconde moitié de décembre, porté par un grand effort de 82.12 à 82.85, cours de compensation à la fin du mois. Le report a été assez élevé, et le cours rond de 83 francs, un moment gagné, a été reperdu. Les réalisations se sont succédé, assez pressantes pour que le prix de 82.90 soit resté discuté, malgré l’amélioration du marché monétaire. Le 4 1/2 et l’amortissable ont au contraire obtenu et conservé une avance de 0 fr. 30 à 0 fr. 35 à 86.00 et 104.70.

Les préoccupations relatives à l’élection du 27 courant ne sont pas étrangères à cette attitude hésitante de nos fonds publics. Mais si la hausse s’en trouve enrayée, il n’y a pas à redouter un mouvement sérieux de réaction. Il y a trop d’opérations financières en préparation, et d’opérations d’une grande importance, pour que la haute banque ne soutienne pas les cours avec une vigueur contre laquelle se briseraient les tentatives éventuelles des baissiers.

Les places étrangères sont d’ailleurs manifestement disposées à maintenir et même à accentuer l’amélioration considérable qui s’est produite au cours de 1888 dans les prix des valeurs internationales. A Berlin et à Vienne, la tendance à la hausse est prédominante, et cette influence s’exerce sur toutes les catégories de valeurs. Les actions des grandes banques des deux capitales, les titres des chemins de fer et des entreprises industrielles sont en général à des prix notablement plus élevés qu’il y a un an, et cette progression n’a pas dit son dernier mot. On en peut trouver un exemple dans l’excellente tenue des quelques valeurs austro-hongroises qui se négocient sur notre place, les chemins Autrichiens et Lombards, le Crédit foncier d’Autriche, le Crédit foncier du royaume de Hongrie, la Lœnnderbank et les Alpines. Surtout ce groupe de titres on prévoit encore pour 1889 une avance de cours plus ou moins importante.

Mais le fait capital de la quinzaine, sur le terrain des valeurs étrangères, a été la hausse rapide du nouveau 4 pour 100 russe émis avec un si grand succès, en décembre dernier, par un syndicat que dirigeait la Banque de Paris. Le prix offert pour la souscription, 86.45, paraissait élevé, car le 4 pour 100 russe n’était pas coté au-dessus de 86.25. Or le nouveau 4 pour 100 s’est avancé jusqu’à 89.35, et