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reste ce qu’elle était, et c’est par des troubles toujours possibles, que cette éternelle question des Balkans peut redevenir à tout instant, à l’improviste, une question européenne.


CH. DE MAZADE.


LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

La première quinzaine de l’année a ramené, avec l’abondance croissante des capitaux, la diminution du taux du loyer de l’argent. La Banque d’Angleterre n’eût pas demandé mieux que de maintenir à 5 pour 100 le taux officiel de l’escompte. Mais cet établissement perdait toute action sur le marché libre, où les taux s’abaissaient jusqu’à 3 pour 100. De nombreuses rentrées d’or ayant été effectuées du 3 au 10 janvier, les directeurs ont décidé à cette dernière date la réduction de 5 à 4 pour 100, et la Banque de France a suivi immédiatement cet exemple en abaissant son taux de 4 1/2 à 4 pour 100.

On commence donc à sortir de la période de l’argent cher. Cependant toute éventualité d’une recrudescence des difficultés monétaires n’a pas disparu. Les envois d’or pour l’Amérique du Sud avaient été suspendus ; ils peuvent reprendre au premier moment, et la probabilité de nouveaux besoins dans cette direction est d’autant plus grande que l’ère des emprunts argentins, momentanément fermée, semble près de se rouvrir.

La province de Corrientes ouvre cette année le défilé, avec 50,000 obligations de 500 francs, remboursables au pair en trente-trois ans, rapportant par au 30 francs nets, et émises au prix de 465 francs. La souscription publique a lieu le 19 courant, aux guichets du Comptoir d’escompte, de la Société générale et du Crédit industriel et commercial. On sait que le public financier avait fait un excellent accueil aux précédentes émissions des provinces de Mendoza, de Cordoba et de Santa-Fé, mais s’était montré rebelle à l’appel fait au nom de la province de Catamarca. Soit que les émissions eussent paru se suivre de trop près,