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REVUE MUSICALE

Théâtre de l’Opéra-Comique : l’Escadron volant de la reine, opéra comique en 3 actes, paroles de MM. Ad. d’Ennery et Brésil, musique de M. H. Litolff. — Reprise du Pré aux Clercs.

Un octogénaire chantait. Il avait mis en musique une histoire écrite par deux octogénaires comme lui, et les trois collaborateurs avaient ensemble plus de deux siècles. — Nous ne voudrions pas oublier le respect qu’on doit aux personnes âgées, surtout à un vétéran du théâtre et du succès comme M. d’Ennery, mais il faut bien avouer que la représentation de l’Escadron volant de la reine a ressemblé un peu à une exhumation. Nous avions tous l’air de déterrer des ruines.

Tâchons de nous rappeler la donnée de cet opéra comique fossile. L’escadron volant de la reine, c’est le groupe des demoiselles dites d’honneur et dressées par Catherine de Médicis, leur souveraine, au vilain métier d’espionne, et d’espionne par le mensonge et l’hypocrisie d’amour. La jolie Thisbé de Montefiori, une Florentine, la charmante Corisandre, une Française, la ravissante Gina, une Dalmate (pourquoi une Dalmate ? ) prêtent à la politique astucieuse de Catherine le secours de leur beauté déloyale et de leurs perfides appas ! Elles séduisent les suspects, enjôlent les conspirateurs, et se font livrer leurs secrets, qu’elles rapportent à la reine. Gina, la plus jolie, est la plus dangereuse ; elle passe pour sourde-muette, et nul ne se défie de ce petit serpent exotique. Or deux gentilshommes bretons, émissaires des Guise, MM. René de Tremaria et Gaël de Penhoë, arrivent à la cour de Saint-Germain avec l’intention d’enlever le jeune roi Charles IX, de le soustraire à la tutelle de la reine-mère et de le conduire au Louvre. Catherine aussitôt distribue la besogne à ses acolytes : Thisbé se charge de