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sont plus libéralement dotés en France qu’en Allemagne. Le tableau suivant, où nous ne mentionnons que les principaux, en donne la preuve :


Allemagne Prusse Excédant pour nous
Infanterie 4.933 6.895 1.962
Artillerie 20.044 31.879 11.835
Train 3.422 10.112 6.690
Génie 384 1.139 755
Ecoles 152 2.009 1.857
Gendarmerie 3.000 12.212 9.212
Totaux 31.935 64.246 32.311

Nous avons donc, pour toutes les armes autres que la cavalerie, un total de 32,311 chevaux de plus que l’armée allemande.

En revanche, notre cavalerie ne compte que 63,625 chevaux pour 71,500 en Allemagne, ce qui nous assure, a priori, une infériorité de 7,875 chevaux. Mais cette infériorité prend de bien autres proportions quand on serre ces chiffres de près. Dans l’effectif allemand ne sont pas compris les 9,000 jeunes chevaux qui peuplent les dépôts de remonte. Les nôtres, au contraire, sont comptés dans notre total. Si nous défalquons encore les régimens de cavalerie d’outre-mer, ou du moins ceux qui, en cas de mobilisation, doivent défendre notre empire colonial, nous arrivons à cette conclusion qu’il nous faudrait aborder la cavalerie allemande avec une infériorité de 15,000 chevaux, correspondant à la force de plus de 100 escadrons, soit 25 régimens ou II divisions de cavalerie, alors que le budget français entretient 22,460 chevaux de plus que le budget allemand !

Il importe donc que le parlement porte sans tarder son attention sur la question de l’accroissement des forces de la cavalerie ; le souci constant, la recherche exagérée des prévisions de détail, de la satisfaction des services accessoires, a dans notre armée fait perdre de vue souvent les points essentiels. Peut-être aussi la permanence des efforts considérables qu’on ne cesse de diriger vers la constitution des défenses inertes a-t-elle porté préjudice à la préparation des forces agissantes. En nous efforçant de démontrer que la répartition et l’entretien de l’un de nos armemens les plus précieux ne sont réglés ni par la considération de la bonne gestion des finances, ni par celle de la constitution des forces nationales, puissions-nous attirer l’attention des pouvoirs publics sur une question dont on ne peut méconnaître l’importance !